GENITORI E FIGLI – AGITARE BENE PRIMA DELL’USO
Gigio demande à ses parents la permission de se présenter au casting du Loft. Alberto et Rossana refusent, Gigio s’entête et il s’ensuit une dispute qui fait trembler les murs de la maison.
Alberto, qui est professeur, est encore sous le coup de la colère lorsque le lendemain matin il entre dans sa classe et se retrouve devant une vingtaine d’adolescents à peine plus jeunes que son fils. Du coup, il leur donne un sujet de composition libre, à faire sur le champ : « Parents – enfants, mode d’emploi ».
Nina, l’une des élèves, saisit la balle au bond pour écrire tout ce qu’elle a sur le coeur, ses relations difficiles avec ses parents qui se déchirent, avec son jeune frère raciste, avec ses amies… Elle fait défiler sa vie, sa première sortie en discothèque, ses premiers flirts… La lecture de ce devoir si personnel ouvre les yeux d’Alberto.
Les changements de société se lisent en premier lieu dans les yeux des adolescents. Dostoïevski le savait, ainsi que Pasolini, et Giovanni Veronesi le sait aussi, qui vient de consacrer son dernier manuel à l’amour familial, à la relation parents-enfants, mais en adoptant pour une fois le point de vue des jeunes. Les adolescents d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’il y a vingt ou trente ans, mais le cinéma italien semble l’ignorer. Dans le meilleur des cas les personnages d’adolescents sont la projection autobiographique de l’auteur. Mais le plus souvent, on les représente comme des bandes de demeurés qui ont perdu jusqu’au dernier de leurs neurones et qui passent leur temps à faire la fête, ils sont presque plus cons que ceux de la publicité. Grandir en Italie n’est pas facile et de fait plus personne ne grandit, ni les enfants ni les adultes. […]
Dans Genitori & figli, Veronesi manifeste plus d’ambition que dans ses films précédents. Il est plus mélancolique et plus original. On pourrait lui reprocher de ne pas avoir osé dépasser certains stéréotypes un peu trop gentillets, mais ce sont là les limites de la nouvelle comédie italienne. On a du mal à comprendre si le problème vient des réalisateurs, des scénaristes et des acteurs, car les talents ne manquent pas, ou bien s’il vient du public. Les Italiens d’aujourd’hui ne semblent pas aussi disposés à se regarder dans un miroir que dans les décennies précédentes. Genitori & figli est aussi l’occasion de réfléchir sur le monde de l’école publique, réduite aujourd’hui à une sorte de réserve indienne par les coupes sombres et le tout-télé qu’affiche le pouvoir. Un lieu où pour un salaire de misère les enseignants devraient transmettre aux jeunes les valeurs dont le reste de la société se moque éperdument.
Curzio Maltese, la Repubblica, 24 février 2010

Giovanni Veronesi (1962, Prato, Toscane) débute comme acteur dans un film de Pupi Avati, Una gita scolastica (1983). Il est avant tout scénariste. Il a écrit, entre autres, pour Francesco Nuti (cinq films en collaboration avec Vincenzo Cerami de 1985 à 1994), Christian De Sica, Carlo Verdone et surtout Leonardo Pieraccioni (11 films de 1995 à 2015). Il réalise son premier film en 1987, Maramao, puis Per amore, solo per amore en 1993. Il devra attendre 2004 pour connaître le succès en tant que réalisateur avec Che ne sarà di noi. Puis il écrit et réalise Manuale d’amore (2005, Leçons d'amour à l'italienne) qui connaîtra deux suites en 2007 et 2011. S’ensuivent plusieurs films dont Italians (2008), ou L’Ultima ruota del carro (2013), Non è un paese per giovani (2017), Moschettieri del re (2018), son dix-septième film.
BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Giovanni Veronesi
Scénario : Giovanni Veronesi, Ugo Chiti, Andrea Agnello
Image : Tani Canevari
Montage : Marco Spoletini
Musique : Andrea Guerra
Producteur (s) : Aurelio De Laurentiis, Luigi De Laurentiis
Productions : Filmauro
Distribution France : Filmauro
Vente à l’étranger :
Interprètes : Luciana Littizzetto, Silvio Orlando, Chiara Passarelli, Michele Placido, Margherita Buy
Année : 2010
Durée : 1 h 50
Pays de producion : Italie