Story of CRONACA DI UN AMORE
Enrico Fontana, un riche industriel milanais, engage un détective pour enquêter sur le passé de son épouse, Paola. Celui-ci se rend à Ferrare où Paola a vécu et fait ses études. Il apprend qu’elle a brusquement quitté la ville, il y a sept ans, après la mort étrange d’une amie, fiancée à un certain Guido, et il suspecte une complicité entre les deux jeunes gens.
Averti de la présence du fouineur, Guido, modeste vendeur de voitures, se rend à Milan et contacte son ancienne maîtresse. Paola accepte de le rencontrer aux abords d’un stade et ils éprouvent des remords à l’évocation du triste événement passé. Pourquoi n’ont-ils fait aucun geste lorsque la malheureuse est tombée, sous leurs yeux, dans la cage de l’ascenseur ? L’ont-ils souhaité, ou même favorisé ? De son côté, le détective est convaincu qu’il y a crime, mais ne peut le prouver à Fontana.
Lassée de la vie mondaine, Paola veut renouer avec Guido. Indécis et faible, il finit par céder. Fontana avoue à Paola être à l’origine de l’enquête. Comprenant que son mari sera un obstacle à son bonheur retrouvé, Paola décide de le tuer et pousse Guido à l’aider dans son entreprise. Sur le parcours qu’emprunte chaque jour Fontana, ils repèrent l’endroit idéal où le meurtre pourra être maquillé en accident de voiture. Le détective a, de son propre chef, poursuivi l’enquête. Il découvre la vérité sur la liaison et en informe Fontana. Perturbé par cette révélation, l’industriel ne prête pas attention, dans la nuit noire, à la route mouillée. L’accident est inévitable, à quelques mètres seulement de l’endroit où l’attendait Guido. Accablé par ce qui vient de se passer et se sentant coupable, Guido quitte définitivement Paola et Milan.
« En 1950, Michelangelo a 38 ans quand il passe à la réalisation avec le somptueux Chronique d’un amour : mi-polar (Antonioni aura toujours un grand sens du mystère), mi-chronique de mœurs, ancré dans l’Italie de l’après-guerre, encore noire et charbonneuse.
Le cinéma ne jure alors que par le néoréalisme ; ses héros sont des prolétaires, incarnés par des non-professionnels : Antonioni fait l’inverse. Ses personnages sont des grands bourgeois milanais, industriels enrichis par la construction du pays. (…)
Le film est illuminé par le visage rayonnant de Lucia Bosé. La jeune femme n’a pas 20 ans. Elle a été élue Miss Italie trois ans plus tôt, devançant Gianna Maria Canale, deuxième, et Gina Lollobrigida, troisième. Ce n’est pas une vénus des champs, jambes nues dans les rizières ; elle est d’une beauté altière. Antonioni la couvre de fourrure, l’habille, dans l’ultime scène qui la voit errer dans la ville, d’une invraisemblable robe de tulle. (…)
La maîtrise du cinéaste débutant est sidérante. Les plans-séquences, audacieux pour l’époque, inscrivent soigneusement les personnages dans l’espace : la vie de province à Ferrare, la métropole milanaise, les noman’s land où Paola retrouve son amant. Affleure déjà le futur sujet fétiche : la mélancolie des riches – signe de l’aliénation de l’homme – et l’évaporation inexorable de l’amour, qu’Antonioni appelle alors "la fragilité des sentiments". »
Aurélien Ferenczi, Télérama n° 2956, Septembre 2006
CRONACA DI UN AMORE
CHRONIQUE D'UN AMOUR
Enrico Fontana, un riche industriel milanais, engage un détective pour enquêter sur le passé de son épouse, Paola. Celui-ci se rend à Ferrare où Paola a vécu et fait ses études. Il apprend qu’elle a brusquement quitté la ville, il y a sept ans, après la mort étrange d’une amie, fiancée à un certain Guido, et il suspecte une complicité entre les deux jeunes gens.
Averti de la présence du fouineur, Guido, modeste vendeur de voitures, se rend à Milan et contacte son ancienne maîtresse. Paola accepte de le rencontrer aux abords d’un stade et ils éprouvent des remords à l’évocation du triste événement passé. Pourquoi n’ont-ils fait aucun geste lorsque la malheureuse est tombée, sous leurs yeux, dans la cage de l’ascenseur ? L’ont-ils souhaité, ou même favorisé ? De son côté, le détective est convaincu qu’il y a crime, mais ne peut le prouver à Fontana.
Lassée de la vie mondaine, Paola veut renouer avec Guido. Indécis et faible, il finit par céder. Fontana avoue à Paola être à l’origine de l’enquête. Comprenant que son mari sera un obstacle à son bonheur retrouvé, Paola décide de le tuer et pousse Guido à l’aider dans son entreprise. Sur le parcours qu’emprunte chaque jour Fontana, ils repèrent l’endroit idéal où le meurtre pourra être maquillé en accident de voiture. Le détective a, de son propre chef, poursuivi l’enquête. Il découvre la vérité sur la liaison et en informe Fontana. Perturbé par cette révélation, l’industriel ne prête pas attention, dans la nuit noire, à la route mouillée. L’accident est inévitable, à quelques mètres seulement de l’endroit où l’attendait Guido. Accablé par ce qui vient de se passer et se sentant coupable, Guido quitte définitivement Paola et Milan.
« En 1950, Michelangelo a 38 ans quand il passe à la réalisation avec le somptueux Chronique d’un amour : mi-polar (Antonioni aura toujours un grand sens du mystère), mi-chronique de mœurs, ancré dans l’Italie de l’après-guerre, encore noire et charbonneuse.
Le cinéma ne jure alors que par le néoréalisme ; ses héros sont des prolétaires, incarnés par des non-professionnels : Antonioni fait l’inverse. Ses personnages sont des grands bourgeois milanais, industriels enrichis par la construction du pays. (…)
Le film est illuminé par le visage rayonnant de Lucia Bosé. La jeune femme n’a pas 20 ans. Elle a été élue Miss Italie trois ans plus tôt, devançant Gianna Maria Canale, deuxième, et Gina Lollobrigida, troisième. Ce n’est pas une vénus des champs, jambes nues dans les rizières ; elle est d’une beauté altière. Antonioni la couvre de fourrure, l’habille, dans l’ultime scène qui la voit errer dans la ville, d’une invraisemblable robe de tulle. (…)
La maîtrise du cinéaste débutant est sidérante. Les plans-séquences, audacieux pour l’époque, inscrivent soigneusement les personnages dans l’espace : la vie de province à Ferrare, la métropole milanaise, les noman’s land où Paola retrouve son amant. Affleure déjà le futur sujet fétiche : la mélancolie des riches – signe de l’aliénation de l’homme – et l’évaporation inexorable de l’amour, qu’Antonioni appelle alors "la fragilité des sentiments". »
Aurélien Ferenczi, Télérama n° 2956, Septembre 2006
- RéalisationMichelangelo Antonioni
- ScénarioMichelangelo Antonioni, Daniele d’Anza, Silvio Giovaninetti, Francesco Maselli, Piero Tellini
- ImageMario Battistoni, Enzo Serafin
- MontageEraldo Da Roma
- MusiqueGiovanni Fusco
- Producteur (s)Franco Villani, Stefano Caretta
- ProductionsFINCINE
- Distribution FranceCarlotta Films
- InterprètesLucia Bosé, Massimo Girotti, Ferdinando Sarmi, Gino Rossi, Marika Rowsky, Rosi Mirafiore, Franco Fabrizi, Vittoria Mondello, Rubi d’Alma
- Année1950
- Durée1h 42
- Pays de productionItalie
- FormatVOST