Story of E LA NAVE VA
« Pour la première fois depuis longtemps dans son œuvre, Fellini suit assidument ses personnages porteurs d’un drame historique : la fin d’une certaine Europe dont ils incarnent à la fois les odieux ridicule et le génie raffiné. Quoi de plus gratuit, de plus insupportable à la conscience historique, que ce pur objet de contemplation : l’urne contenant les cendres de la Diva Edmea Tetua, dispersées en face de son île natale ?
La voix limpide s’élève. Le vent emporte les cendres. Drame profond et frivolité pure, pure perte, pure beauté : ces moments sont minés également par l’émotion la plus haute et la dérision. (…)
Nous sommes au cœur de l'obsession esthétique de la culture 1900, celle des écrivains, magiciens et médiums, qui apparaissent ici dans ses grandeurs et misères.
Au bout de ces destins, la sanction, la destruction, la guerre. Le monde ancien s'écroule. Fellini accompagne les personnages jusqu'au bout de la métaphore : et le Grand Duc, imperturbable "bibendum" sombre sans ciller dans sa chaloupe.
Une métaphore dense et contradictoire, aux antipodes de toute leçon. Un luxe peut-être inouï pour l’esprit, comme un ultime ressac de la culture européenne. Fellini suggère un tremblement de civilisation, un chant de crépuscule pourtant magnifiquement vigoureux dans la forme. »
Le journaliste Orlando, vieux lutin humilié, est animé d'un humanisme démocratique, qui survit à sa propre ironie, à sa propre compromission. Gardons-nous pourtant de donner une symbolique, semble dire Fellini, qui nous propose une vision fascinante de l'histoire, opposée à toute rationalité politique. Une métaphore dense et contradictoire, aux antipodes de toute leçon. Un luxe peut-être inouï pour l'esprit, comme un ultime ressac de la culture européenne.
Jacques Fieschi, Cinématographe n°96, Janvier 1984
« Est-ce un hasard si toute sa carrière s’était jusqu’à Prova D’orchestra déroulée sous le signe d’une rencontre complice, sa connivence avec Nino Rota ? (…) Ce n’est pas que tout finisse chez Fellini par une chanson : au contraire, tout semble provenir d’une lointaine et mystérieuse musique…
Peut-être lui a-t-il fallu attendre la disparition de Rota pour faire de cette fascination le centre obsessionnel de son dernier film : E la Nave va emprunte aux tubes du bel canto l’essentiel de sa substance musicale. On y retrouve ce plaisir de la mélodie, la plasticité profonde d’une musique propre à appeler la moindre image comme une rime nécessaire. »
Alain Ménil, Cinématographe n°96, Janvier 1984
Le tournage a duré 14 semaines, avec 120 acteurs et des centaines de figurants sur 8 plateaux de Cinecittà (dont le mythique théâtre 5) dans lesquels on a construit 40 décors. À la fin du film, l’image nous dévoile l’extraordinaire artificiel de la scène. Un hommage à Cinecittà, à l’expression cinématographique et à ses prodigieux "artisans" dont fait partie le décorateur Dante Ferretti.
E LA NAVE VA
ET VOGUE LE NAVIRE
« Pour la première fois depuis longtemps dans son œuvre, Fellini suit assidument ses personnages porteurs d’un drame historique : la fin d’une certaine Europe dont ils incarnent à la fois les odieux ridicule et le génie raffiné. Quoi de plus gratuit, de plus insupportable à la conscience historique, que ce pur objet de contemplation : l’urne contenant les cendres de la Diva Edmea Tetua, dispersées en face de son île natale ?
La voix limpide s’élève. Le vent emporte les cendres. Drame profond et frivolité pure, pure perte, pure beauté : ces moments sont minés également par l’émotion la plus haute et la dérision. (…)
Nous sommes au cœur de l'obsession esthétique de la culture 1900, celle des écrivains, magiciens et médiums, qui apparaissent ici dans ses grandeurs et misères.
Au bout de ces destins, la sanction, la destruction, la guerre. Le monde ancien s'écroule. Fellini accompagne les personnages jusqu'au bout de la métaphore : et le Grand Duc, imperturbable "bibendum" sombre sans ciller dans sa chaloupe.
Une métaphore dense et contradictoire, aux antipodes de toute leçon. Un luxe peut-être inouï pour l’esprit, comme un ultime ressac de la culture européenne. Fellini suggère un tremblement de civilisation, un chant de crépuscule pourtant magnifiquement vigoureux dans la forme. »
Le journaliste Orlando, vieux lutin humilié, est animé d'un humanisme démocratique, qui survit à sa propre ironie, à sa propre compromission. Gardons-nous pourtant de donner une symbolique, semble dire Fellini, qui nous propose une vision fascinante de l'histoire, opposée à toute rationalité politique. Une métaphore dense et contradictoire, aux antipodes de toute leçon. Un luxe peut-être inouï pour l'esprit, comme un ultime ressac de la culture européenne.
Jacques Fieschi, Cinématographe n°96, Janvier 1984
« Est-ce un hasard si toute sa carrière s’était jusqu’à Prova D’orchestra déroulée sous le signe d’une rencontre complice, sa connivence avec Nino Rota ? (…) Ce n’est pas que tout finisse chez Fellini par une chanson : au contraire, tout semble provenir d’une lointaine et mystérieuse musique…
Peut-être lui a-t-il fallu attendre la disparition de Rota pour faire de cette fascination le centre obsessionnel de son dernier film : E la Nave va emprunte aux tubes du bel canto l’essentiel de sa substance musicale. On y retrouve ce plaisir de la mélodie, la plasticité profonde d’une musique propre à appeler la moindre image comme une rime nécessaire. »
Alain Ménil, Cinématographe n°96, Janvier 1984
Le tournage a duré 14 semaines, avec 120 acteurs et des centaines de figurants sur 8 plateaux de Cinecittà (dont le mythique théâtre 5) dans lesquels on a construit 40 décors. À la fin du film, l’image nous dévoile l’extraordinaire artificiel de la scène. Un hommage à Cinecittà, à l’expression cinématographique et à ses prodigieux "artisans" dont fait partie le décorateur Dante Ferretti.
- RéalisationFederico Fellini
- ScénarioFederico Fellini
- ImageGiuseppe Rotunno
- MontageRuggero Mastroianni
- MusiqueGianfranco Plenizio, orchestre symphonique et choeurs de la RAI
- Producteur (s)Franco Cristaldo
- ProductionsRai, Vides Cinematografica, Gaumont, Films A2
- Distribution FranceConnaissance du Cinéma
- InterprètesFreddie Jones, Barbara Jefford, Victor Poletti, Peter Cellier, Elisa Mainardi, Norma West, Paolo Paoloni
- Année1983
- Durée2h 08
- Pays de productionItalie, France
- CitationMais comment se peut-il qu'une bombe rudimentaire ait pu provoquer une catastrophe historique ?