FRANCESCO, GIULLARE DI DIO

FRANCESCO, GIULLARE DI DIO

LES ONZES FIORETTI DE FRANCOIS D'ASSISE

Les Fioretti di San Francesco sont un florilège de légendes qui concernent la vie de saint François d'Assise (1182-1226). Il s'agit d'une compilation, réalisée par un auteur anonyme au milieu du XIV^e siècle, à partir d'un texte latin du siècle précédent.

Rossellini s'en inspire et en tire un film particulier, interprété par des moines franciscains qui jouent les rôles de leurs prédécesseurs de l'époque de la création de l'ordre.

« Rossellini suit François d'Assise à partir du moment où il quitte la ville avec quelques disciples et il a réussi lui-même le prodigieux miracle de restituer dans sa simplicitéet son innocence ce temps de l'abandon quasi mystique à la contemplation. Loin des conflits de l'après-guerre, il se plonge pour la première fois dans l'évocation du passé, genre dont il deviendra le maître. Ici, déjà, dans une pauvreté volontaire de moyens qui fait écho à celle du "jongleur de Dieu ", la grâce et le rayonnement circulent à travers l'écran, abolissant le temps. Ils sont si proches de nous, ces vrais moines représentant les initiateurs de leur ordre, avec un rire, une gravité, un naturel qui donnent à ce Moyen Age inspiré la vérité d'une actualité. Confrontation avec la violence des retires ou l'incompréhension hostile des paysans, passage des femmes avec le même rayonnement chez Claire d'Assise, égrenage de l'humble quotidien, tout vient nourrir la chronique dans l'esprit même de la légende. »

Jean-Marie Carzou, Dictionnaire des films, Larousse, 1990

Dans ce film, le concept de sainteté est complexe car il allie anticonformisme et folie. L'anticonformisme est l'attitude sincère et disponible de celui qui s'ouvre entièrement aux autres, alors que seule une certaine forme de folie permet de dépasser la haine et l'égoïsme pour résoudre tous les problèmes de la vie. Rossellini s'élève ici contre toute forme de moralisme, d'à priori esthétique ou de stérilité idéologique.

D'après Guido Michelone, Invito al cinéma di Rossellini, Milano, Mursia, 1996