Story of IO E TE
IO E TE
TOI ET MOI
Lorenzo (Jacopo Olmo Antinori), 14 ans, est un adolescent introverti. Consciente de ses problèmes, Arianna (Sonia Bergamasco) sa mère, le fait suivre par un psychologue (Pippo Delbono) et s’accroche au moindre signe de progrès. C’est ainsi qu’elle voit très positivement la fait qu’il ait accepté de partir en classe de neige. Mais Lorenzo trompe son monde et profite de ce (faux) départ pour se cacher dans la cave de son immeuble, préalablement équipée pour une semaine de survie. Sa solitude est troublée par l’arrivée d’Olivia, sa demi-soeur de vingt ans qu’il n’a pas vue depuis longtemps. Droguée, elle est à la dérive. Elle s’installe aussi dans la cave, malgré l’hostilité première de Lorenzo.
Moi & toi marque, après une longue période de silence imposée par la maladie, le grand retour de Bernardo Bertolucci au cinéma, dix ans après Innocents. Un retour paradoxalement sans tambour ni trompette (le film fut présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes) qui ne rend pas justice à ce nouveau film, sans doute l’un des plus beaux de son oeuvre, mais aussi – ceci expliquant peut-être cela – l’un de ses moins clinquants, l’un de ses moins provocateurs, du moins en apparence. La douceur advint donc chez Bertolucci, le fol âge passé. Le film raconte une histoire simple et singulière : un pré-ado asocial fugue en se planquant dans la cave de son immeuble, mais sa demi-soeur, qu’il ne connaît pas, débarque par hasard. Elle doit avoir 20 ans et se came. En 1 heure 37, Bertolucci va tisser des liens entre eux, avec une délicatesse et une subtilité qui n’ont pas toujours été sa marque par le passé. On admirera par exemple la manière dont il suggère des sentiments vaguement incestueux sans s’y appesantir, ce qu’il aurait fait autrefois (il le fit d’ailleurs, c’était un de ses thèmes de prédilection). Ici, le film touche profondément parce que le cinéaste italien prend le temps de regarder et de nous montrer longuement ses personnages, avec une indulgence, une bienveillante sympathie, parce qu’on s’attache très vite, mais sans illusion – sur leur avenir –, à ces deux personnages d’enfants perdus qui partagent par hasard quelques gênes, et qui le temps de quelques jours vont s’aimer comme un frère et une soeur. On admirera aussi la façon dont Bertolucci, de façon presque géométrique, tourne autour de son seul décor – la cave –, la transforme en théâtre de sentiments fraternels, et chorégraphie le ballet de ses deux personnages.
Jean-Baptiste MORAIN, Les Inrockuptibles, 17 septembre 2013
- RéalisationBernardo Bertolucci
- ScénarioUmberto Contarello, Francesca Marciano, Bernardo Bertolucci, Niccolò Ammaniti, d’après son roman
- ImageFabio Cianchetti
- MontageJacopo Quadri
- MusiqueFranco Piersanti
- Producteur (s)Mario Gianani
- ProductionsFiction, Wildside S.r.l., Medusa Film, Sky Cinema, Mediaset Premium
- Distribution FranceKMBO
- InterprètesJacopo Olmo Antinori, Tea Falco, Sonia Bergamasco, Veronica Lazar, Tommaso Ragno, Pippo Delbono, Alessandra Vanzi
- Année2012
- Durée1h 37
- Pays de productionItalie
- FormatVOST
- CitationNe dis à personne que tu m’as vu ici.