Story of LA GRANDE ABBUFFATA
LA GRANDE BOUFFE
LA GRANDE ABBUFFATA
Marcello, un pilote de ligne, Ugo, un restaurateur, Michel, un réalisateur de télévision, Philippe, un juge, quatre quadragénaires représentants typiques de la société d'opulence, s'enferment dans une villa et, sous prétexte d'un séminaire gastronomique, s'empiffrent jusqu'à ce que mort s'ensuive, en se ménageant toutefois quelques intermèdes érotiques. Andréa, une institutrice, se joint à leur concile jouissif et morbide.
"Lorsque Jean-Pierre Rassam propose à Ferreri, qui reste pourtant sur plusieurs échecs commerciaux, de lui produire un film en toute liberté, le cinéaste s'engouffre dans la brèche : sa liberté consiste en l'insolence suprême, faire éclater le corps par l'excès de la valeur symbolique traditionnelle de l'Occident, la nourriture. Symbole et tabou, mais aussi matérialité constante de la transgression : Ferreri n'a jamais fait film plus simple, plus proche des objets, des éléments, de la chair et des organes. C'est la clé de la réussite presque totale (seul moment plus faible : l'arrivée des victuailles) de La Grande Bouffe, sans doute l'un des grands films des années 70 : cet équilibre sans cesse maintenu, puis brutalement rompu lors de l'agonie des quatre bouffeurs, entre la concrétude de la matière et la spiritualité des mots. Car La Grande Bouffe, film simple et direct sur l'ingurgitation, est aussi un film philosophique sur la dégurgitation de la parole. Il se tient à égale distance de l'orgie purement hédoniste et du banquet platonicien.
Et la nourriture est d'abord un vecteur de mots, avant d'être celui du plaisir puis de la mort. Ferreri construit clairement son film suivant le principe de la maïeutique classique : manger sert à mieux parler (de la nourriture, puis de la vie, enfin de l'histoire), et initie l'ensemble des convives au dialogue.
La Grande Bouffe est un apprentissage, qui passe par la libre circulation des paroles accompagnant celle des aliments, de bouche en bouche, de corps en corps. Entouré et encouragé par Rafaël Azcona et Francis Blanche, Marco Ferreri se révèle ici (ou plutôt se confirme) comme l'un des maîtres du dialogue de cinéma. Mais les corps finissent par éclater, par se vider, par se geler, et les quatre agonies, conduites, comme orchestrées, par Andréa Ferreol, inscrivent sur l'écran un scandale qui n'est pas que verbal. C'est l'ensemble du corps social qui n'est plus que viscères, aliments, excréments, sang, organes, éparpillés, définitivement décomposés."
Antoine de Baecque, Cahiers du Cinéma n°515, juillet-août 1997
Hommage à Marco Ferreri, Villerupt octobre 1997
Le 21 mai 197, le film, présenté en sélection officielle à Cannes, fit scandale. Depuis La Grande Bouffe est devenu un film culte.
- RéalisationMarco Ferreri
- ScénarioMarco Ferreri, Rafaël Azcona, Francis Blanche
- ImageMario Vulpiani
- MontageClaudine Merlin
- MusiquePhilippe Sarde
- Producteur (s)Vincent Malle, Alain Coiffier, Jean-Pierre Rassam, Edmondo Amati
- ProductionsMara Film, Capitolina Produzioni Cinematografiche, Films 66
- Distribution FranceConnaissance du Cinéma
- InterprètesMarcello Mastroianni, Michel Piccoli, Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Andréa Ferreol, Monique Chaumette, Michèle Alexandre, Maurice Dorléac, Eva Simonet, Solange Blondeau
- Année1973
- Durée2h 05
- Pays de productionFrance, Italie
- Citation"Je lève mon verre, je ne sais pas à quoi, mais je le lève !"