LA VOCE DELLA LUNA

LA VOCE DELLA LUNA

Ivo Salvini, un jeune homme un peu farfelu, avec la tête entre l'imagi­naire et le réel croit entendre des voix venir des puits disséminés dans la campagne de l'Emilie éclairée par la lune. Ces voix le poussent au loin, oùil cherche son idéal de femme, qui ressemblerait à cette lune qu'il aime tant.

Dans son vagabondage, il lui arrive toutes sortes de petites aventures, avec une quantité de personnages, mais tous un peu fous.

"Sans véritable fil conducteur comme on en a désormais l'habitude ("J'ai construit une histoire complètement affranchie de toute struc­ture narrative", confesse t-il encore), "La voix de la lune" nous entraîne donc une nouvelle fois au sein de l'imaginaire du cinéaste, au hasard de ses extravagances et de ses angoisses, de ses obsessions et de ses phobies. Et, une fois encore, la télévision en prend pour son grade, elle qui fait par exemple de la Fête des Gnocchis et de l'élection de Miss Farine un événement retentissant. La publicité n'est pas non plus épargnée, tout comme le rock'n roll dont on mesure ici les effets dévastateurs.

Tout cela pourrait sembler répétitif quand on se rapporte à l'œuvre récente de Fellini s'il n'y avait cette porte éternellement ouverte sur le rêve. Avec Roberto Benigni en Pierrot candide et Paolo Villagio en vic­time d'un complot imaginaire, il réussit à décrocher la lune au propre comme au figuré. Rien que ce morceau de bravoure force le respect. Il fait en tout cas oublier quelques longueurs et répétitions au fil d'une entreprise constamment sur la corde raide. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui que l'on sait que Federico Fellini est un redoutable équilibriste".

Michel Bitzer - Le Républicain Lorain