Story of L’APE REGINA
L'APE REGINA
LE LIT CONJUGAL
Rentré d'Espagne en 1962, auréolé du succès international de El Cochecito, Ferreri, après son sketch (l'adultère) du film collectif Les italiennes et l'amour, élabore avec son scénariste et complice Rafaël Azcona son premier long métrage italien, La moglie a cavallo, pièce du vénitien Goffredo Parise, laquelle deviendra la très romaine Ape Regina.
Mais l'entreprise ne va pas sans mal et engendrera nombre de malentendus sur la sulfureuse singularité et la prétendue androgyne de Ferreri. Car, même en pleine euphorie du miracle économique, dont c'est en 1963 l'apogée, et qui semble bouleverser les données de la réalité sociale italienne, et pour commencer, les rapports de compte, on ne s'attaque pas impunément aux talons ancestraux et religieux du sexe... Fait sans précèdent dans l'histoire du cinéma italien, on séquestre le livre présentant le découpage et quelques photogrammes (matrimonio in bianco) et le film restera bloqué pendant huit mois.
Ferreri pour sa part est traîné en justice, accusé d'obscénité (pour une chemise de nuit aussi traditionnelle que fonctionnelle) et finalement acquitté, le fait ne constituant pas délit.
Quelques mois plus tard, le film peut sortir avec le titre Una storia moderna : l'Ape Regina, au prix de quelques compresses sans conséquences et de modifications, nuances du dialogue, et assorti d'un avertissement où le metteur en scène déclare bien haut qu'il n 'a jamais songé à "attenter à l'institution sacrée du mariage ". Le Pouvoir, tout naturellement ouvert à gauche, ira jusqu'à 'à se donner les gants de le présenter à Cannes en sélection officielle. Le film est boudé par la critique qui en reste à l'arbitraire apparent de la fable sans dégager le sens réel et la patience de cette satire du monde marchand qui s'épanouit alors en Italie jusque dans le cercle familial et la sphère privée qu 'elle contamine.
Mais le public lui fait meilleur accueil et le très large succès commercial d'Ape Regina, auquel concours fortement la présence de Ugo Tognazzi et de Marina Vlady, en resplendissante reine-abeille, permet à Ferreri d'avoir les coudées franches pour continuer sa route d'auteur de comédies grinçantes qui n 'ont pas fini de surprendre.
Hommage à Marco Ferreri
Villerupt, octobre 1997
- RéalisationMarco Ferreri
- ScénarioMarco Ferreri, Rafael Azcona, d'après Goffredo Parise avec la collaboration de Diego Fabbri, Massimo Franciosa, Pasquale Festa Campanile
- ImageEnnio Guarnieri
- MontageLionello Massobrio
- MusiqueTeo Usuelli
- ProductionsSancro Film, Marceau-Cocinor
- Distribution FranceConnaissance du Cinéma
- InterprètesMarina Vlady, Ugo Tognazzi, Walter Ciller, Ricardo Fellini, Pietro Taffanelli, Vera Ragazzi, Linda Sini, Achille Maierdoni
- Année1963
- Durée1h 30
- Pays de productionItalie, France