MISERIA E NOBILTÀ

MISERIA E NOBILTÀ

MISÈRE ET NOBLESSE

Naples à la fin du siècle dernier. L'action débute dans un misérable appartement, occupé par deux familles : celle de Don Felice, écrivain public, remarié avec Donna Luisella et père de Peppiniello (fils d'un premier lit) ; et celle de Don Pasquale, photographe, époux de Donna Concetta et père de Pupella. Les affaires vont si mal que les deux familles sont au bord de la famine - ce qui provoque, on s'en doute, bien des disputes. Mais la chance va leur sourire en la personne du marquis Eugenio, lequel, amoureux de Gemma, danseuse au théâtre de San Carlo, confie aux deux compères et à leurs épouses une bien singulière mission ; remplacer ses parents auprès du beau-père (riche cuisinier) afin de pouvoir épouser Gemma contre le consentement de ses vrais parents. Affaire conclue. Acte II : devenus nobles pour les besoins de la cause, les pauvres jouent à fond la comédie demandée auprès d'un beau-père extasié (et naïf) de recevoir chez lui les membres d'une des plus hautes familles de Naples...

Créée en 1888, la comédie de E. SCARPETTA est entièrement fondée sur le quiproquo. Ainsi, de scène en scène, l'action rebondit jusqu'à son dénouement, somme toute heureux. Le film débute dans une salle de théâtre, alors même que le rideau vient de se lever ; puis la caméra plonge au cœur de la scène et ne s'en extraira qu 'à l'épilogue. Parce que vécue de l'intérieur la pièce prend une forme nouvelle et la comédie n'est plus seulement spectacle. L'opposition des êtres et des classes, la bêtise des nouveaux riches, la sincérité de la noblesse et le jeu du pouvoir des pauvres, tout cela est dit de façon comique, certes, mais aussi d'un ton doux-amer. Même lorsqu'il est au second plan, l'acteur TOTO ne cesse de composer son personnage de manière aussi grotesque que spirituelle, brisant tour à tour l'émotion au profit du cynisme et réciproquement. Tout cela est bien huilé, bienfait, bien gros ; et les couleurs délavées (ô ces rosés chewing-gum !) ne pouvaient tomber mieux en cette période d'engouement pour le rétro.

Olivier Gitlissen - Saison cinématographique 79

Mario MATTOLI. Né dans les Marches en 1898, décédé en 1980. Après avoir dirigé une compagnie théâtrale, il réalise à partir de 1934 plus de quatre-vingt films en une trentaine d'années. Auteur remarquable de comédies mais aussi de mélos à une époque ou le néoréalisme a régné, il a souvent utilisé de grandes vedettes : DE SICA, FABRIZI, MAGNANI et surtout TOTO