NOBEL

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Le nouveau film de Fabio Carpi, très ambitieux, s'inspire librement du personnage de Borges. C'est l'histoire d'Alberto, un vieil écrivain italo-argentin qui a choisi de résider en Suisse. Il vient de recevoir le Prix Nobel de littérature et il doit se rendre à Copenhague pour le retirer. Son éditeur veut profiter de cette occasion pour le faire accompagner par un journaliste qui pourrait ainsi écrire un long article exclusif. Alberto choisit le jeune Alessandro, fils de l'un de ses amis récemment disparu. Le film raconte le voyage en voiture àtravers la Suisse et l'Allemagne du vieil homme raffiné et du garçon qui a tout à apprendre. Le rapport entre les deux devient peu àpeu conflictuel : le paternalisme d'Alberto et sa condescendance irritent le jeu ne Alessandro, mais petite petit un équilibre se crée et le conflit des générations se fait moins aigu.

Carpi livre une œuvre d'une grande finesse, dans laquelle toutes les situations sont des échos littéraires, comme si la vie ne pouvait être vécue autrement ou bien comme si tout déjà avait été dit. Parmi les moments les plus étonnants, la rencontre, dans le nord de l'Allemagne, d'un vieux propriétaire d'un drive-in qui cède devant la crise du cinéma mais se concède un final digne de Wagner... ou, peut-être, d'Hitchcock.

Nobel reprend et d'une certaine manière amplifie les thèmes chers à Fabio Carpi depuis Il quartetto Basileus (l982). On y retrouve la paternité non assumée, le conflit des générations et l'attrait pour la jeunesse, la nostalgie du temps perdu et le conflit entre la vie et l'art.