QUERIDO FIDEL

Emidio (Gianfelice Imparato), inconditionnel de Fidel Castro, vit dans le mythe d’un père auquel on prête une participation à la révolution cubaine. En 1991, alors que le monde sort de la logique de la guerre froide, il s’obstine à vivre comme un révolutionnaire cubain dans son quartier de Naples, qui lui se remet difficilement des adieux de Maradona. Emidio pousse l’émulation du socialisme réel jusqu’à imposer le rationnement des denrées alimentaires à sa famille. Lasse du riz aux haricots, celle-ci en vient à rêver d’une assiette de spaghettis. Son fils Ernesto (Marco Mario De Notaris), au grand dam de son père, est même un suppôt du rêve américain. L’épouse d’Emidio, Elena (Alessandra Borgia), et sa petite-fille Celia (Marcella Spina), soutiennent en revanche l’idéalisme du chef de famille. Emidio n’entretient-il pas depuis longtemps une relation épistolaire avec Fidel Castro ? Et ce dernier ne manque jamais de répondre à son admirateur invétéré.

« L’idée du film est née en 2008, lorsque Fidel Castro s’est désisté en faveur de son frère Raul. Je me suis alors demandé quel impact cette sorte d’abandon allait avoir sur ceux qui avaient vécu dans le mythe de la révolution cubaine. Mon imagination a fait le reste et j’ai écrit le scénario en pensant à des acteurs que je connaissais déjà, notamment Gianfelice Imparato. Travailler avec eux a été aussi simple que fantastique, comme une sorte de longue conversation en famille. Pour la napolitaine que je suis, l’insertion de cette histoire dans les ruelles de ma ville a apporté le réalisme que je cherchais, car elle accueille une infinité de bizarreries sans les isoler. »
Viviana Calò, Interview au BIF&st, 21 septembre 2021