Story of CARO DIARIO
Composé en trois parties, Journal intime est à la fois un bilan et une réflexion sur le monde que Moretti a traversé. Alors comment mieux commencer un film qu'en se faisant filmer sur sa Vespa une belle journée d'été, flânant à travers les quartiers de Rome qu'il aime, peu fréquentés par les touristes. Cela nous vaut une digression savoureuse sur l'architecture et les maisons romaines, sans oublier quelques vannes bien senties sur certains de leurs habitants. Tout s'achève dans ce premier chapitre titré Sur ma Vespa, sur un hommage à sa manière, à Pasolini.
Le second chapitre "Les îles", nous entraîne dans les Eoliennes à Lipari, Salina, Stromboli, Panarea et, "la plus île" pour Moretti, Alicudi. Avec Stromboli, on peut penser à Rossellini, mais sur le volcan avec l'ami spécialiste de l'Ulysse de Joyce, il y rencontrera des touristes américains. Gerardo qui, au départ de ce périple sur les îles, ne voulait pas entendre parler de télévision, demandera à Moretti de les interroger sur les derniers rebondissements de la série télévisée, "Amour, gloire et beauté".
À chaque île, un comportement particulier de ses habitants. Les deux compères sont un peu comme les voyageurs d'une "tempête" de Shakespeare, très librement adaptée par un certain Nanni Moretti.
La troisième partie est intitulée Les médecins. Le voyage parmi les spécialistes de la dermatologie, la médecine chinoise, les radios et les examens au scanner, fait rire jaune. Le sujet ne se prête vraiment pas à l'hilarité. On est d'ailleurs heureux d'en sortir, avec Nanni Moretti, de ce troisième voyage, ultime chapitre de la réflexion - bilan d'un homme de quarante ans qui, à travers ses films, continue à s'interroger sur la société et sur lui-même. Et, à chaque film, on se fait prendre au style de Moretti, parce que le discours, le timbre de sa voix et ses images, font que Nanni Moretti est actuellement le grand cinéaste dont le cinéma italien avait besoin pour se renouveler.
Jacques Meyneng - O de conduite n° 14 (1994)
"De Je suis un autarcique jusqu'à La messe est finie y compris, mes films reposaient sur mon personnage - un être tantôt violent, tantôt bon, hystérique, belliqueux - et sur les rapports entre mon personnage et les autres. Michèle Apicella (le nom de son personnage dans tous ses films jusqu'à Palombella Rossa et sauf dans La messe est finie) et les autres personnages étaient les deux faces de la même médaille. Il y avait aussi une façon de raconter qui est devenue, avec Bianca et La messe est finie, moins sauvage et plus narrative. Avec le temps, j'ai donné une plus grande importance au scénario, et je commence à donner plus d'importance à l'atmosphère.
Le personnage de Journal intime dans le premier et le troisième chapitre c'est moi. "Les médecins" est la chronique fidèle de ce qui m'est arrivé pendant presque un an de rencontres avec les médecins, de diagnostics erronés, etc.
Dans la première partie, j'ai réussi à réunir trois choses que j'aime beaucoup faire : rester à Rome en août, rouler en Vespa et travailler.
Dans la deuxième partie en revanche, c'est peut-être les autres protagonistes qui rappellent certains personnages de mes films précédents. Mais je n'ai plus envie de rabâcher le même rapport entre moi d'un côté, et la superficialité et la stupidité de mes amis de l'autre. D'être le directeur artistique de leur vie privée. Je n'ai plus envie de crier contre les autres. Avec les années, je n'ai plus assez de souffle. Alors, contrairement à mes films précédents, où les autres acteurs, les autres personnages sont mes faire-valoir, dans les îles je me contente d'écouter, je ne me fous plus en rogne. Peut-être parce que j'ai compris que, disons, les autres sont comme ils veulent être. Je me suis résigné, j'ai commencé à accepter les autres comme ils sont. "
Nanni Moretti
CARO DIARO
JOURNAL INTIME
Composé en trois parties, Journal intime est à la fois un bilan et une réflexion sur le monde que Moretti a traversé. Alors comment mieux commencer un film qu'en se faisant filmer sur sa Vespa une belle journée d'été, flânant à travers les quartiers de Rome qu'il aime, peu fréquentés par les touristes. Cela nous vaut une digression savoureuse sur l'architecture et les maisons romaines, sans oublier quelques vannes bien senties sur certains de leurs habitants. Tout s'achève dans ce premier chapitre titré Sur ma Vespa, sur un hommage à sa manière, à Pasolini.
Le second chapitre "Les îles", nous entraîne dans les Eoliennes à Lipari, Salina, Stromboli, Panarea et, "la plus île" pour Moretti, Alicudi. Avec Stromboli, on peut penser à Rossellini, mais sur le volcan avec l'ami spécialiste de l'Ulysse de Joyce, il y rencontrera des touristes américains. Gerardo qui, au départ de ce périple sur les îles, ne voulait pas entendre parler de télévision, demandera à Moretti de les interroger sur les derniers rebondissements de la série télévisée, "Amour, gloire et beauté".
À chaque île, un comportement particulier de ses habitants. Les deux compères sont un peu comme les voyageurs d'une "tempête" de Shakespeare, très librement adaptée par un certain Nanni Moretti.
La troisième partie est intitulée Les médecins. Le voyage parmi les spécialistes de la dermatologie, la médecine chinoise, les radios et les examens au scanner, fait rire jaune. Le sujet ne se prête vraiment pas à l'hilarité. On est d'ailleurs heureux d'en sortir, avec Nanni Moretti, de ce troisième voyage, ultime chapitre de la réflexion - bilan d'un homme de quarante ans qui, à travers ses films, continue à s'interroger sur la société et sur lui-même. Et, à chaque film, on se fait prendre au style de Moretti, parce que le discours, le timbre de sa voix et ses images, font que Nanni Moretti est actuellement le grand cinéaste dont le cinéma italien avait besoin pour se renouveler.
Jacques Meyneng - O de conduite n° 14 (1994)
"De Je suis un autarcique jusqu'à La messe est finie y compris, mes films reposaient sur mon personnage - un être tantôt violent, tantôt bon, hystérique, belliqueux - et sur les rapports entre mon personnage et les autres. Michèle Apicella (le nom de son personnage dans tous ses films jusqu'à Palombella Rossa et sauf dans La messe est finie) et les autres personnages étaient les deux faces de la même médaille. Il y avait aussi une façon de raconter qui est devenue, avec Bianca et La messe est finie, moins sauvage et plus narrative. Avec le temps, j'ai donné une plus grande importance au scénario, et je commence à donner plus d'importance à l'atmosphère.
Le personnage de Journal intime dans le premier et le troisième chapitre c'est moi. "Les médecins" est la chronique fidèle de ce qui m'est arrivé pendant presque un an de rencontres avec les médecins, de diagnostics erronés, etc.
Dans la première partie, j'ai réussi à réunir trois choses que j'aime beaucoup faire : rester à Rome en août, rouler en Vespa et travailler.
Dans la deuxième partie en revanche, c'est peut-être les autres protagonistes qui rappellent certains personnages de mes films précédents. Mais je n'ai plus envie de rabâcher le même rapport entre moi d'un côté, et la superficialité et la stupidité de mes amis de l'autre. D'être le directeur artistique de leur vie privée. Je n'ai plus envie de crier contre les autres. Avec les années, je n'ai plus assez de souffle. Alors, contrairement à mes films précédents, où les autres acteurs, les autres personnages sont mes faire-valoir, dans les îles je me contente d'écouter, je ne me fous plus en rogne. Peut-être parce que j'ai compris que, disons, les autres sont comme ils veulent être. Je me suis résigné, j'ai commencé à accepter les autres comme ils sont. "
Nanni Moretti
- RéalisationNanni Moretti
- ScénarioNanni Moretti
- ImageGiuseppe Lanci
- MontageMirco Garrone
- MusiqueNicola Piovani
- Producteur (s)Nanni Moretti, Angelo Barbagallo, Nella Banfi
- ProductionsSacher Film, Banfilm
- Distribution FranceBAC Films
- InterprètesNanni Moretti, Renato Carpentieri, Antonio Neiwiller, Claudia Della Seta, Lorenzo Alessandri, Raffaella Lebboroni, Giovanna Bozzolo, Sebastiano Nardone, Antonio Petrocelli, Giulio Base, Italo Spinelli, Carlo Mazzacurati
- Année1993
- Durée1h 40
- Pays de productionItalie, France