Story of APRILE
28 mars 1994 : Silvio Berlusconi allié aux fascistes remporte les élections législatives italiennes. En réaction, Nanni Moretti hésite à tourner une comédie musicale ou un documentaire politique. Mais un heureux événement familial vient bouleverser ses plans.
Et si Nanni Moretti s'était inventé une nouvelle manière de faire du cinéma ? Quatre ans après Journal Intime, le cinéaste acteur ajoute un nouveau chapitre au récit de sa vie. De la même manière donc que Journal Intime, sans s'embarrasser de fiction, comme le fait par exemple Woody Allen, il livre ses états d'âme à la caméra, se regarde vivre douloureusement, s'interroge, s'angoisse, poursuit ses ballades à Vespa... Pourquoi pas ?
Après tout, il y a des écrivains dont la force de l'œuvre tient autant à leur livre qu'à leur journal intime. Mais il faut le reconnaître, le charme opère un peu moins. Est-ce parce qu 'il n'a plus l'effet de surprise ? Sans doute ! Mais c'est surtout parce que, se préoccupant essentiellement de la naissance de son enfant, il n 'a pas encore un regard beaucoup plus original que celui des trois quarts futurs nouveaux pères de la planète. Ce qui n 'empêche pas bien sûr quelques scènes tendres, drôles... Même s'il ne faut pas douter de l'intérêt qu'on porte, ni de l'intérêt que les autres vous portent pour vous exposer ainsi, ce qui est attachant, c'est l'honnêteté avec laquelle Moretti se montre comme il est : lâche, hypocondriaque, et surtout totalement tétanisé par la création aussi bien artistique qu'humaine. C'est d'ailleurs cette puissance créatrice qui relève l'intérêt du film et donne lieu aux scènes les plus cocasses, comme la prise de bec avec son ami Daniele Luchetti.
« Une des interprétations du film pourrait même être que sa réalité est le contraire de ce qu'il montre, puisque je filme cette histoire que je suis supposé ne pas arriver à filmer. Ce n 'est qu'un des nombreux décalages. Par exemple, je présente comme un devoir le fait de filmer les événements politiques, alors qu 'en fait je le vis comme un plaisir, sinon je ne le ferais pas. Si mes films dessinent un portrait politique de l'Italie, c'est d'abord pour satisfaire ma curiosité personnelle, au même titre que j'enregistre certains faits de ma vie privée. »
Propos recueillis par Jean-Michel Frodon
APRILE
28 mars 1994 : Silvio Berlusconi allié aux fascistes remporte les élections législatives italiennes. En réaction, Nanni Moretti hésite à tourner une comédie musicale ou un documentaire politique. Mais un heureux événement familial vient bouleverser ses plans.
Et si Nanni Moretti s'était inventé une nouvelle manière de faire du cinéma ? Quatre ans après Journal Intime, le cinéaste acteur ajoute un nouveau chapitre au récit de sa vie. De la même manière donc que Journal Intime, sans s'embarrasser de fiction, comme le fait par exemple Woody Allen, il livre ses états d'âme à la caméra, se regarde vivre douloureusement, s'interroge, s'angoisse, poursuit ses ballades à Vespa... Pourquoi pas ?
Après tout, il y a des écrivains dont la force de l'œuvre tient autant à leur livre qu'à leur journal intime. Mais il faut le reconnaître, le charme opère un peu moins. Est-ce parce qu 'il n'a plus l'effet de surprise ? Sans doute ! Mais c'est surtout parce que, se préoccupant essentiellement de la naissance de son enfant, il n 'a pas encore un regard beaucoup plus original que celui des trois quarts futurs nouveaux pères de la planète. Ce qui n 'empêche pas bien sûr quelques scènes tendres, drôles... Même s'il ne faut pas douter de l'intérêt qu'on porte, ni de l'intérêt que les autres vous portent pour vous exposer ainsi, ce qui est attachant, c'est l'honnêteté avec laquelle Moretti se montre comme il est : lâche, hypocondriaque, et surtout totalement tétanisé par la création aussi bien artistique qu'humaine. C'est d'ailleurs cette puissance créatrice qui relève l'intérêt du film et donne lieu aux scènes les plus cocasses, comme la prise de bec avec son ami Daniele Luchetti.
« Une des interprétations du film pourrait même être que sa réalité est le contraire de ce qu'il montre, puisque je filme cette histoire que je suis supposé ne pas arriver à filmer. Ce n 'est qu'un des nombreux décalages. Par exemple, je présente comme un devoir le fait de filmer les événements politiques, alors qu 'en fait je le vis comme un plaisir, sinon je ne le ferais pas. Si mes films dessinent un portrait politique de l'Italie, c'est d'abord pour satisfaire ma curiosité personnelle, au même titre que j'enregistre certains faits de ma vie privée. »
Propos recueillis par Jean-Michel Frodon
- RéalisationNanni Moretti
- ScénarioNanni Moretti
- ImageGiuseppe Lanci
- MontageAngelo Nicolini
- MusiqueNicolas Piovani
- Producteur (s)Angelo Barbagallo, Nanni Moretti, Jean Labadie
- ProductionsSacher Films, Bac Films, en collaboration avec RAI UNO, Canal+
- Distribution FranceBac Films
- InterprètesNanni Moretti, Silvio Orlando, Silvia Nono, Pietro Moretti, Agata Apicella Moretti, Nuria Schoenberg, Angelo Barbagallo, Silvia Bonucci
- Année1998
- Durée1h 18
- Pays de productionItalie, France