Story of BELLISSIMA
Apprenant, par la radio, l'existence d'un concours pour désigner "La più bella bambina di Roma" organisé par la compagnie cinématographique Bellissima, Maddalena décide d'y présenter sa fille de six ans, Maria, qui, ainsi, pourrait réaliser son vieux rêve : échapper à la pauvreté et devenir une star. Nous suivrons les tentatives dérisoires pour transformer Maria, une enfant sans grâce, qui plus est, affligée d'un zozotement ridicule en une Shirley Temple italienne. Parallèlement, Maddalena découvre l'envers du décor de Cinecittà : l'usine à rêves se révèle aussi médiocre que les borgates de notre héroïne, peuplée de parasites, qui trouvent en Maddalena une victime de choix.
Le metteur en scène lui-même, joué par Allessandro Blasetti est prêt à infliger toutes les humiliations pour réussir son film. S'il choisit finalement Maria, ce n'est pas pour son charme, elle en est totalement dépourvue ainsi que le souligne ironiquement la musique (Quanto è bella, quanto è cara, air extrait de l'opéra de Donizetti, l'élixir d'amour) mais au contraire pour son ridicule : la projection de son bout d'essai déclenche une hilarité générale, les larmes de la fillette ouvre les yeux de Maddalena témoin de la scène. La révolte de Maddalena, son refus de la compromission préfigure l'attitude des héros viscontiens ultérieurs.
Mais, Bellissima est le seul film où ce refus débouche sur une conclusion optimiste puisque en renonçant à l'illusion du cinéma, elle retrouvera l'amour de son mari.
Après plusieurs scénarios qui ne pourront être tournés, Visconti accepte l'offre du producteur de La terre tremble, Salvo d'Angelo qui lui propose un sujet de Zavattini avec Anna Magnani en vedette. Mais il modifie le personnage central, à l'origine une mère bourgeoise, en femme du peuple ce qui lui permet de renforcer le contraste entre l'univers frustre du prolétariat romain et celui de Cinecittà, symbole de la réussite sociale. L'histoire est volontairement dépouillée.
Suso Cecchi d'Amico, scénariste de Luchino Visconti : Le premier film qu'on a réalisé ensemble, c'était Bellissima avec la Magnani. C'était une espèce de dette que Visconti avait envers elle, car elle aurait dû être l'interprète de Ossessione, mais elle était enceinte et n'avait pas pu. Elle était d'ailleurs très fâchée que Luchino n'ait pas reporté le film, mais le tournage avait déjà commencé quand on a appris qu'elle était enceinte de quatre ou cinq mois et c'était alors vraiment impossible. Avec son caractère, Anna pensait qu'on pouvait arrêter Ossessione et attendre que l'enfant naisse, alors Visconti lui promit qu'il ferait un film avec elle, et ce fut Bellissima.
Texte et entretien dans "Luchino Visconti cinéaste" de Alain Sanzio et Paul-Louis Thirard
Anna Magnani est née à Alexandrie en 1908, d'une mère italienne et d'un père d'origine égyptienne. Dès l'âge de 5 ans, elle suit des cours de comédie à Rome. Elle débute au cinéma en 1934, De Sica lui offre son premier grand rôle en 1941 dans Teresa Venerdi et en 1945, Rome ville ouverte la consacre vedette internationale. À sa mort, en 1973, le peuple romain, bouleversé, lui a rendu un vibrant et gigantesque hommage.
BELLISSIMA
Apprenant, par la radio, l'existence d'un concours pour désigner "La più bella bambina di Roma" organisé par la compagnie cinématographique Bellissima, Maddalena décide d'y présenter sa fille de six ans, Maria, qui, ainsi, pourrait réaliser son vieux rêve : échapper à la pauvreté et devenir une star. Nous suivrons les tentatives dérisoires pour transformer Maria, une enfant sans grâce, qui plus est, affligée d'un zozotement ridicule en une Shirley Temple italienne. Parallèlement, Maddalena découvre l'envers du décor de Cinecittà : l'usine à rêves se révèle aussi médiocre que les borgates de notre héroïne, peuplée de parasites, qui trouvent en Maddalena une victime de choix.
Le metteur en scène lui-même, joué par Allessandro Blasetti est prêt à infliger toutes les humiliations pour réussir son film. S'il choisit finalement Maria, ce n'est pas pour son charme, elle en est totalement dépourvue ainsi que le souligne ironiquement la musique (Quanto è bella, quanto è cara, air extrait de l'opéra de Donizetti, l'élixir d'amour) mais au contraire pour son ridicule : la projection de son bout d'essai déclenche une hilarité générale, les larmes de la fillette ouvre les yeux de Maddalena témoin de la scène. La révolte de Maddalena, son refus de la compromission préfigure l'attitude des héros viscontiens ultérieurs.
Mais, Bellissima est le seul film où ce refus débouche sur une conclusion optimiste puisque en renonçant à l'illusion du cinéma, elle retrouvera l'amour de son mari.
Après plusieurs scénarios qui ne pourront être tournés, Visconti accepte l'offre du producteur de La terre tremble, Salvo d'Angelo qui lui propose un sujet de Zavattini avec Anna Magnani en vedette. Mais il modifie le personnage central, à l'origine une mère bourgeoise, en femme du peuple ce qui lui permet de renforcer le contraste entre l'univers frustre du prolétariat romain et celui de Cinecittà, symbole de la réussite sociale. L'histoire est volontairement dépouillée.
Suso Cecchi d'Amico, scénariste de Luchino Visconti : Le premier film qu'on a réalisé ensemble, c'était Bellissima avec la Magnani. C'était une espèce de dette que Visconti avait envers elle, car elle aurait dû être l'interprète de Ossessione, mais elle était enceinte et n'avait pas pu. Elle était d'ailleurs très fâchée que Luchino n'ait pas reporté le film, mais le tournage avait déjà commencé quand on a appris qu'elle était enceinte de quatre ou cinq mois et c'était alors vraiment impossible. Avec son caractère, Anna pensait qu'on pouvait arrêter Ossessione et attendre que l'enfant naisse, alors Visconti lui promit qu'il ferait un film avec elle, et ce fut Bellissima.
Texte et entretien dans "Luchino Visconti cinéaste" de Alain Sanzio et Paul-Louis Thirard
Anna Magnani est née à Alexandrie en 1908, d'une mère italienne et d'un père d'origine égyptienne. Dès l'âge de 5 ans, elle suit des cours de comédie à Rome. Elle débute au cinéma en 1934, De Sica lui offre son premier grand rôle en 1941 dans Teresa Venerdi et en 1945, Rome ville ouverte la consacre vedette internationale. À sa mort, en 1973, le peuple romain, bouleversé, lui a rendu un vibrant et gigantesque hommage.
- RéalisationLuchino Visconti
- ScénarioCesare Zavattini, Suso Cecchi d'Amico, Francesco Rosi, Luchino Visconti
- ImagePiero Portalupi, Paul Ronald
- MontageGianni Polidori
- MusiqueFranco Mannino, d'après des thèmes de L'Élixir d'amour de Donizetti
- Producteur (s)Salvo d'Angelo
- ProductionsCEI Incom, Production Film Bellissima
- InterprètesAnna Magnani, Walter Chiari, Tina Apicella, Alessandro Blasetti, Gastone Renzelli
- Année1951
- Durée1h 55
- Pays de productionItalie