Story of DELITTO D’AMORE
Comencini est un cinéaste populaire, au sens le plus noble du terme, sans vulgarité. On a pu dire, à juste titre, du mélodrame qu’il était le genre italien par excellence, et un mélodrame filmé par Comencini n’a besoin d’aucun alibi culturel, littéraire ou humoristique, il correspond tout simplement à une réalité…
La qualité d’émotion de Delitto d’Amore est bien trop rare pour être passée sous silence.
Dominique Rabourdin - Cinéma 74 n°190-191DELITTO D'AMORE
UN VRAI CRIME D'AMOUR
Nullo Bronzi (Giuliano Gemma) et Carmela Santoro (Stefania Sandrelli) sont tous deux ouvriers dans une usine de la banlieue industrielle milanaise et ils s’aiment. Lui est un jeune homme honnête et concret ; il est du Nord, syndicaliste, anarchiste et athée. Elle est une jeune femme instinctive, imaginative et imprévisible ; elle est immigrée à Milan avec sa famille sicilienne et soumise au poids d’une culture catholique et patriarcale. Carmela et Nullo ne peuvent se rencontrer qu’au cours de rendez-vous secrets. Pour vivre leur amour au grand jour, ils décident finalement de se marier. Nullo, par conviction, refuse le mariage à l’église. Carmela disparait. Lorsque Nullo la retrouve, elle est mourante, intoxiquée par les émanations des fours de l’usine…
« Ma prédilection pour le détail vrai dérive de mon goût pour le regard des humbles sur la réalité. »
Luigi ComenciniComencini est un cinéaste populaire, au sens le plus noble du terme, sans vulgarité. On a pu dire, à juste titre, du mélodrame qu’il était le genre italien par excellence, et un mélodrame filmé par Comencini n’a besoin d’aucun alibi culturel, littéraire ou humoristique, il correspond tout simplement à une réalité… La qualité d’émotion de Delitto d’Amore est bien trop rare pour être passée sous silence.
Dominique Rabourdin - Cinéma 74 n°190-191« L’histoire d’amour de Nullo et Carmela se développe essentiellement dans le cadre de l’usine où ils travaillent, prolongeant l’analyse d’une condition ouvrière étrangement ignorée par le néoréalisme italien, mais remise au premier plan par le cinéma des années de plomb. Un vrai crime d’amour s’inscrit en effet résolument dans la voie contestataire ouverte par Elio Pietri (La Classe ouvrière va au paradis, palme d’or en 1971), avec lequel Comencini partage un même scénariste engagé (Ugo Pirro). À l’étude des mécanismes de domination qui régissent le travail ouvrier, se substitue toutefois une réflexion subtile sur les conséquences de cette oppression dans les rapports amoureux. […] Si Nullo et Carmela partagent une même condition ouvrière, celle-ci ne constitue qu’une illusion d’égalité : Nullo, du nord, est bien intégré à un univers urbain où il jouit d’un certain confort, comme l’illustre son appartement qui témoigne du développement de la périphérie milanaise, où se multiplient les immeubles bétonnés. Carmela, immigrée sicilienne du sud, vit avec les siens dans un bidonville où ses déplacements sont étroitement surveillés par son frère. À l’éducation catholique et méridionale de Carmela s’oppose par ailleurs l’engagement syndical de Nullo, confrontant les amants à une forme d’incommunicabilité à laquelle Comencini donne une couleur de plus en plus sombre. Ainsi la naïveté et les brusques revirements de Carmela prêtent-t-ils d’abord à sourire, avant de prendre un tour plus tragique. »
Esther Hallé, Dossier de presse Les Films du Camélia
- RéalisationLuigi Comencini
- ScénarioLuigi Comencini, Ugo Pirro
- ImageLuigi Kuveiller
- MontageNino Baragli
- MusiqueCarlo Rustichelli
- Producteur (s)Gianni Hecht Lucari
- ProductionsDocumento Film
- Distribution FranceLes Films du Camélia
- InterprètesGiuliano Gemma, Stefania Sandrelli, Renato Scarpa, Brizio Montinaro, Cesira Abbiati, Emilio Bonucci
- Année1974
- Durée1h 36
- Pays de productionItalie
- CitationIci on vit chichement car on est des émigrés.