Story of ECCE BOMBO
Michele est encore étudiant, il vit à Rome chez ses parents avec lesquels il a des relations conflictuelles. Il a une copine, Silvia, qui travaille dans le cinéma et avec laquelle il a des discussions enflammées sur le cinéma italien. Il ne veut pas qu’elle connaisse ses amis, non par jalousie mais parce qu’il n’aime pas que les gens qu’il aime se rencontrent. Avec ses amis, il passe son temps aux terrasses des cafés à se demander ce qu’ils pourraient bien faire pour passer le temps. Pour sortir de ce désœuvrement, ils décident de se livrer à des séances d’auto-conscience où ils expriment leur mal-être et leurs frustrations. Finalement, un soir ils décident d’aller à Ostie, sur la plage et d’attendre l’aube pour voir le soleil surgir de la mer comme dans un chromo révolutionnaire prometteur d’un avenir radieux. Las, le soleil s’obstine à se lever à l’est, dans leur dos et ils ne le voient pas…
« Étrangement, bien que pauvre, autarcique et dénué de toute exhibition spectaculaire, ce film a toute la légèreté d’un film international, français en particulier, qui nous a rappelé avec joie cet internationalisme que notre cinéma ignore et qui appartient à Godard, Truffaut, Tati ainsi qu’au grand Buñuel. Comme tous les films de Buñuel, Ecce Bombo réussit une chose simplissime autant que délicate, qui était jusqu’à présent l’apanage du seul maître espagnol : le clin d’œil au spectateur. Il ne raconte pas une histoire à laquelle le spectateur doit nécessairement croire, il ne demande pas une identification de masse, mais le divertissement, comme s’il disait : ayez présent à l’esprit qu’après tout on est juste en train de faire un film, rien de plus. Un autre aspect international réside dans le fait que bien que parlé avec l’accent romain et situé dans des quartiers périphériques de Rome, pour la toute première fois il n’y a aucun des traits de ce folklore provincial qui sert de toile de fond à tant de films tournés à Rome ou en Italie. Le marché américain ne sera pas le déversoir des mozzarelles, des spaghetti, des Sophia Loren ou autres Vésuve, qui sont les éternelles cartes postales obligatoires de notre pays. Dans ce sens, les personnages du film ne sont pas spécialement italiens. Ce sont des individus jeunes, déboussolés et crétinisés (en premier lieu dans le langage) par cet air soixante-huitard qui n’a pas marqué le début de quelque chose, mais certainement une fin. La fin de la logique associative, de la fonction de l’éducation, de la culture humaniste (pour ne pas dire traditionnelle, donc scolaire, justement), de la convention pères-fils, de la convention famille, État, religion, politique, idéologie. »
Goffredo Parise, Corriere della Sera, 15 avril 1978
ECCE BOMBO
Michele est encore étudiant, il vit à Rome chez ses parents avec lesquels il a des relations conflictuelles. Il a une copine, Silvia, qui travaille dans le cinéma et avec laquelle il a des discussions enflammées sur le cinéma italien. Il ne veut pas qu’elle connaisse ses amis, non par jalousie mais parce qu’il n’aime pas que les gens qu’il aime se rencontrent. Avec ses amis, il passe son temps aux terrasses des cafés à se demander ce qu’ils pourraient bien faire pour passer le temps. Pour sortir de ce désœuvrement, ils décident de se livrer à des séances d’auto-conscience où ils expriment leur mal-être et leurs frustrations. Finalement, un soir ils décident d’aller à Ostie, sur la plage et d’attendre l’aube pour voir le soleil surgir de la mer comme dans un chromo révolutionnaire prometteur d’un avenir radieux. Las, le soleil s’obstine à se lever à l’est, dans leur dos et ils ne le voient pas…
« Étrangement, bien que pauvre, autarcique et dénué de toute exhibition spectaculaire, ce film a toute la légèreté d’un film international, français en particulier, qui nous a rappelé avec joie cet internationalisme que notre cinéma ignore et qui appartient à Godard, Truffaut, Tati ainsi qu’au grand Buñuel. Comme tous les films de Buñuel, Ecce Bombo réussit une chose simplissime autant que délicate, qui était jusqu’à présent l’apanage du seul maître espagnol : le clin d’œil au spectateur. Il ne raconte pas une histoire à laquelle le spectateur doit nécessairement croire, il ne demande pas une identification de masse, mais le divertissement, comme s’il disait : ayez présent à l’esprit qu’après tout on est juste en train de faire un film, rien de plus. Un autre aspect international réside dans le fait que bien que parlé avec l’accent romain et situé dans des quartiers périphériques de Rome, pour la toute première fois il n’y a aucun des traits de ce folklore provincial qui sert de toile de fond à tant de films tournés à Rome ou en Italie. Le marché américain ne sera pas le déversoir des mozzarelles, des spaghetti, des Sophia Loren ou autres Vésuve, qui sont les éternelles cartes postales obligatoires de notre pays. Dans ce sens, les personnages du film ne sont pas spécialement italiens. Ce sont des individus jeunes, déboussolés et crétinisés (en premier lieu dans le langage) par cet air soixante-huitard qui n’a pas marqué le début de quelque chose, mais certainement une fin. La fin de la logique associative, de la fonction de l’éducation, de la culture humaniste (pour ne pas dire traditionnelle, donc scolaire, justement), de la convention pères-fils, de la convention famille, État, religion, politique, idéologie. »
Goffredo Parise, Corriere della Sera, 15 avril 1978
- RéalisationNanni Moretti
- ScénarioNanni Moretti
- ImageGiuseppe Pinori
- MontageEnzo Meniconi
- MusiqueFranco Piersanti
- Producteur (s)Mario Gallo, Enzo Giulioli
- ProductionsFilmalpha, Ministero del Turismo e dello Spettacolo, Alphabetafilm
- Distribution FranceLe Pacte
- InterprètesNanni Moretti, Luisa Rossi, Lina Sastri, Piero Galletti, Susanna Javicoli, Cristina Manni, Lorenza Ralli, Maurizio Romoli, Carola Stagnaro, Fabio Traversa, Giorgio Viterbo, Paolo Zaccagnini, Sandro Conte, Maurizio Di Taddeo, Mauro Fabretti, Simona Frosi, Giampiero Mughini, Vincenzo Vitobello, Glauco Mauri
- Année1978
- Durée1h 43
- Pays de productionItalie
- CitationOn me remarquera davantage si je viens et que je reste à l’écart ou si je ne viens pas ?