Story of GLI OCCHI LA BOCCA
Avec le passage des années, Bellocchio retourne sans cesse davantage vers ses émotions, ses angoisses privées. (…)
Avec Les yeux, la bouche, la chose devient encore plus claire dans la mesure où le cinéaste retrouve l’acteur de ses débuts, l’acteur miroir Lou Castel. Le jeu référentiel va d’ailleurs rapidement fonctionner non pas en auto-citation (comme pourrait le faire croire au début du film la séquence du cercueil ouvert autour duquel s’agite Lou Castel dans un comportement analogique à celui qui était le sien dans Les poings dans les poches) mais plutôt comme la reprise d’un discours commencé dix-sept ans plus tôt : Lou Castel n’est pas la résurgence du personnage du premier film, c’est l’acteur même qui vient vivre devant nous une histoire, celle d’un comédien qui se retrouve avec ses amertumes, ses échecs, les blessures qu’a laissées en lui l’expérience de 68.
Revenu dans sa famille - une de ces familles atroces qui exhalent davantage une atmosphère mortuaire qu’une impulsion vitale - Giovanni tombe amoureux de l’amie de son frère. Cet amour, perçu d’abord comme impossible car le frère vient de se suicider, va peu à peu se développer et amener le protagoniste à rompre douloureusement avec sa mère dans une séquence expressionniste où il prend la place du frère mort.
Dans cette histoire qui pourrait devenir sordide, Bellocchio réagit et cherche une issue : il montre le vieillissement de son personnage - il nous parle donc indirectement du sien - et insiste sur le profond désespoir qui l’habite. En même temps toutefois, et là se situe la fonction de l’acte de créer, il suggère une voie amoureuse – la communication entre deux êtres – comme alternative. Dans cette tentative, comme il le dit lui-même, « de retrouver la fusion triangulaire entre les yeux et la bouche, c’est à dire une sexualité libre et savante », Bellocchio mesure les traumatismes et cherche une nouvelle harmonie avec les autres et avec lui-même. Mais au prix de quels déchirements !
Jean A. Gili, Positif n° 261, Novembre 1982
GLI OCCHI LA BOCCA
LES YEUX, LA BOUCHE
Avec le passage des années, Bellocchio retourne sans cesse davantage vers ses émotions, ses angoisses privées. (…)
Avec Les yeux, la bouche, la chose devient encore plus claire dans la mesure où le cinéaste retrouve l’acteur de ses débuts, l’acteur miroir Lou Castel. Le jeu référentiel va d’ailleurs rapidement fonctionner non pas en auto-citation (comme pourrait le faire croire au début du film la séquence du cercueil ouvert autour duquel s’agite Lou Castel dans un comportement analogique à celui qui était le sien dans Les poings dans les poches) mais plutôt comme la reprise d’un discours commencé dix-sept ans plus tôt : Lou Castel n’est pas la résurgence du personnage du premier film, c’est l’acteur même qui vient vivre devant nous une histoire, celle d’un comédien qui se retrouve avec ses amertumes, ses échecs, les blessures qu’a laissées en lui l’expérience de 68.
Revenu dans sa famille - une de ces familles atroces qui exhalent davantage une atmosphère mortuaire qu’une impulsion vitale - Giovanni tombe amoureux de l’amie de son frère. Cet amour, perçu d’abord comme impossible car le frère vient de se suicider, va peu à peu se développer et amener le protagoniste à rompre douloureusement avec sa mère dans une séquence expressionniste où il prend la place du frère mort.
Dans cette histoire qui pourrait devenir sordide, Bellocchio réagit et cherche une issue : il montre le vieillissement de son personnage - il nous parle donc indirectement du sien - et insiste sur le profond désespoir qui l’habite. En même temps toutefois, et là se situe la fonction de l’acte de créer, il suggère une voie amoureuse – la communication entre deux êtres – comme alternative. Dans cette tentative, comme il le dit lui-même, « de retrouver la fusion triangulaire entre les yeux et la bouche, c’est à dire une sexualité libre et savante », Bellocchio mesure les traumatismes et cherche une nouvelle harmonie avec les autres et avec lui-même. Mais au prix de quels déchirements !
Jean A. Gili, Positif n° 261, Novembre 1982
- RéalisationMarco Bellocchio
- ScénarioMarco Bellocchio, Vincenzo Cerami
- ImageGiuseppe Lanci
- MontageSergio Nuti
- MusiqueNicola Piovani
- Producteur (s)Enzo Porcelli
- ProductionsOdyssea (Rome), Gaumont (Paris) avec la collaboration de la Rai
- Distribution FranceGaumont Distribution
- InterprètesLou Castel, Angela Molina, Emanuelle Riva, Michel Piccoli, Antonio Piovanelli, Giampaolo Saccarola, Viviana Ton, Antonio Petrocelli
- Année1982
- Durée1h 40
- Pays de productionItalie, France