Story of RUGGINE
RUGGINE
La banlieue d'une grande ville qui pourrait être Turin, vers la fin des années 1970. Il y a là toute une population immigrée des régions du sud de l'Italie, aux accents et aux dialectes divers. Les enfants jouent dehors, dans les champs qui bordent les immeubles. Ils ont fait leur "château" dans les ruines d'une usine toute proche. Ils se réunissent là, dans un lieu secret, une sorte de caverne au milieu des amas de ferraille. Il y a Carmine, le gamin sicilien, le chef de la bande, sa petite sœur Cinzia, et Sandro qui éprouve pour elle un amour timide. Tout à coup c'est l'horreur. Une fillette est retrouvée assassinée après avoir été violée, puis une autre. Les enfants découvrent que le coupable, le "monstre", n'est autre que le docteur Boldrini (Filippo Timi), ce médecin élégant et gentil qui soigne les gens du quartier. Mais ils sont convaincus que jamais les adultes ne les croiraient. Ils décident donc d'agir seuls.
Trente ans plus tard, Sandro (Stefano Accorsi), Carmine (Valerio Mastandrea) et Cinzia (Valeria Solarino) se sont perdus de vue, mais leurs vies d'adultes portent encore les marques de la violence qu'ils ont connue dans leur enfance.
Il y a deux raisons principales qui m'ont poussées à adapter le roman de Stefano Massaron. Quand je l'ai lu je me suis retrouvé dans un univers que je connaissais bien. Moi aussi je suis venu dans le Nord quand j'étais enfant et je suis particulièrement sensible aux thématiques de l'enfance. Les protagonistes du roman sont des enfants qui vivent une expérience incroyable. Je n'ai pas eu de difficulté à leur donner des visages. L'autre aspect déterminant du roman, c'est le personnage du médecin. Le livre ne parle pas que de pédophilie : ce personnage représente le mal absolu, irrationnel, l'ogre des contes. Les enfants qui se lancent dans une lutte contre le mal, c'est la plus classique des histoires de formation. J'ai choisi de ne jamais montrer la réalité des faits, en premier lieu parce que je trouvais que c'était plus intéressant du point de vue visuel. Je voulais laisser à l'imagination des spectateurs le loisir de combler les lacunes. En second lieu, montrer les violences risquait paradoxalement d'être rassurant, de faire baisser l'inquiétude et la tension. Je ne prends pas cette responsabilité, je la laisse aux spectateurs. J'ai fait un choix précis de mise en scène qui consistait à raconter cette histoire du point de vue des enfants, même lorsqu'ils ne sont pas présents. Il y a une scène qui le montre clairement : depuis le talus, les enfants regardent le monstre qui, à leurs yeux, s'agite de façon inexplicable; mais aussitôt après on voit la même scène du point de vue de Boldrini et ses gestes sont en réalité très précis, car nous savons ce qu'il a en tête.
Daniele GAGLIANONE, propos recueillis par Valentina D'AMICO, movieplayer.it, 2 septembre 2011
Un conseil : ne quittez pas la salle sur le générique de fin, la rouille n’a pas fini d’éroder l’écran et l’âme des personnages (mymovies.it)
- RéalisationDaniele Gaglianone
- ScénarioDaniele Gaglianone, Giaime Alonge, Alessandro Scippa, adapté du roman de Stefano Massaron
- ImageGherardo Gossi
- MontageEnrico Giovannone
- MusiqueEvandro Fornasier, Walter Magri, Massimo Miride
- Producteur (s)Domenico Procacci, Gianluca Arcopinto
- ProductionsFandango, Zaroff Film, Rai Cinema, avec le soutien d'Apulia Film Commission
- InterprètesFilippo Timi, Stefano Accorsi, Valerio Mastandrea, Valeria Solarino
- Année2011
- Durée1h49
- Pays de productionItalie