Story of AMORE CARNE
« Si un jour quelqu’un me demandait : si tu pouvais revenir en arrière, à ce jour-là, dans cet hôpital, dans cette ville où quelqu’un avec un tablier blanc te regardait inquiet pour te dire : positif. Si on me demandait : qu’est-ce que tu voudrais changer dans le scénario de ce moment-là, de cette histoire-là, si je pouvais, je répondrais : rien, absolument rien. Cette histoire m’a appris, ou elle est en train de m’apprendre à mieux regarder la mort dans les yeux. »
Pippo Delbono regarde. Avec son téléphone portable et une petite caméra hd il saisit des instants particuliers, des rencontres. Il accumule ainsi des éclats de réalité que la culture de l’homme qui regarde et médite en voix off met en forme dans la recherche continue de la vie, dans sa propre histoire et dans celle des autres. Dans une dilatation qui va de l’individu à l’univers pour revenir ensuite à l’individu en pleine conscience de sa condition éphémère et bornée dans une nature qui pulse amour et chair, amour et chair...
Il peut suffire qu'un film ne soit pas prévisible pour se distinguer et éveiller chez le spectateur un intérêt que d'autres s'appliquent à chloroformer. Mais si aucun moment d'Amore carne n'annonce ni ne donne à imaginer celui qui va suivre, il arrive aussi qu'on ne sache ce que Pippo Delbono a choisi de montrer, et pourquoi. C'est précisément ce qui rend son film si vivant. Ainsi cette première scène, filmée par le cinéaste au moyen de son téléphone portable, planqué sous la table qui le sépare de la femme médecin avec laquelle il s'entretient : il semble évident que le patient se moque des questions que lui pose la praticienne, et plus encore du questionnaire qu'elle est chargée de remplir, et pourtant rien ne saurait être plus sérieux, puisque l'échange concerne le virus HIV. […]
L'expérience, car cette désignation-là en vaut bien d'autres, peut laisser indifférent ou ennuyer, elle peut aussi séduire, intéresser, voire fasciner. Elle témoigne, et ce n'est pas son moindre mérite, que le cinéma est aujourd'hui encore multiple et qu'en l'espèce le format ne fait rien à l'affaire.
Pascal Mérigeau, cinema.nouvelobs.com, 27 juin 2013
Pippo Delbono est un homme de théâtre, actif sur les scènes italiennes et internationales depuis les années 1980. Il réalise son premier long métrage, Guerra en 2003, en filmant sa tournée en Israël et en Palestine. Six autres suivent. Avec son téléphone portable, il invente un style tout à fait particulier, fluide et méditatif, qui rend compte de la place de l’homme dans le monde contemporain.
AMORE CARNE
« Si un jour quelqu’un me demandait : si tu pouvais revenir en arrière, à ce jour-là, dans cet hôpital, dans cette ville où quelqu’un avec un tablier blanc te regardait inquiet pour te dire : positif. Si on me demandait : qu’est-ce que tu voudrais changer dans le scénario de ce moment-là, de cette histoire-là, si je pouvais, je répondrais : rien, absolument rien. Cette histoire m’a appris, ou elle est en train de m’apprendre à mieux regarder la mort dans les yeux. »
Pippo Delbono regarde. Avec son téléphone portable et une petite caméra hd il saisit des instants particuliers, des rencontres. Il accumule ainsi des éclats de réalité que la culture de l’homme qui regarde et médite en voix off met en forme dans la recherche continue de la vie, dans sa propre histoire et dans celle des autres. Dans une dilatation qui va de l’individu à l’univers pour revenir ensuite à l’individu en pleine conscience de sa condition éphémère et bornée dans une nature qui pulse amour et chair, amour et chair...
Il peut suffire qu'un film ne soit pas prévisible pour se distinguer et éveiller chez le spectateur un intérêt que d'autres s'appliquent à chloroformer. Mais si aucun moment d'Amore carne n'annonce ni ne donne à imaginer celui qui va suivre, il arrive aussi qu'on ne sache ce que Pippo Delbono a choisi de montrer, et pourquoi. C'est précisément ce qui rend son film si vivant. Ainsi cette première scène, filmée par le cinéaste au moyen de son téléphone portable, planqué sous la table qui le sépare de la femme médecin avec laquelle il s'entretient : il semble évident que le patient se moque des questions que lui pose la praticienne, et plus encore du questionnaire qu'elle est chargée de remplir, et pourtant rien ne saurait être plus sérieux, puisque l'échange concerne le virus HIV. […]
L'expérience, car cette désignation-là en vaut bien d'autres, peut laisser indifférent ou ennuyer, elle peut aussi séduire, intéresser, voire fasciner. Elle témoigne, et ce n'est pas son moindre mérite, que le cinéma est aujourd'hui encore multiple et qu'en l'espèce le format ne fait rien à l'affaire.
Pascal Mérigeau, cinema.nouvelobs.com, 27 juin 2013
Pippo Delbono est un homme de théâtre, actif sur les scènes italiennes et internationales depuis les années 1980. Il réalise son premier long métrage, Guerra en 2003, en filmant sa tournée en Israël et en Palestine. Six autres suivent. Avec son téléphone portable, il invente un style tout à fait particulier, fluide et méditatif, qui rend compte de la place de l’homme dans le monde contemporain.
- RéalisationPippo Delbono
- ScénarioPippo Delbono, sur des textes d’Arthur Rimbaud, Pier Paolo Pasolini, T. S. Eliot
- ImagePippo Delbono
- MontageFabrice Aragno
- MusiqueMike Galasso, Alexander Balanescu, Laurie Anderson, Les Anarchistes
- Producteur (s)Pippo Delbono, Frédéric Maire, Fabrice Aragno
- ProductionsCompagnia Pippo Delbono, Cinémathèque suisse, Casa-Azul
- Distribution FranceLes Films du Paradoxe
- InterprètesPippo Delbono, Irène Jacob, Marisa Berenson, Tilda Swinton, Bobò, Marie-Agnès Gillot, Sophie Calle, Margherita Delbono, Alexander Balanescu
- Année2011
- Durée1h 15
- Pays de productionItalie
- FormatVOST
- CitationJe ne jette pas l’amour par la fenêtre.