Story of BUONGIORNO, NOTTE
Détenu pendant deux mois dans une 'prison du peuple' aménagée dans un appartement de la capitale, Moro allait être jugé, condamné à mort et exécuté par ses ravisseurs, avant qu'on retrouve son corps le 9 mai.
On pouvait croire que tout avait déjà été dit et écrit sur cet épisode tragique qui fut le point culminant des fameuses 'années de plomb'.
Filmé aussi, avec notamment Il caso Moro, une docu-fiction tournée en 1986 par Giuseppe Ferrara avec Gian Maria Volonté dans le rôle du leader de la Démocratie chrétienne. Mais d'une commande initialement passée par la RAI, le réalisateur de La marche triomphale, Les poings dans les poches et Le saut dans le vide livre une œuvre phare en forme de pari scénaristique et esthétique, sans pour autant renier cet engagement qui a toujours caractérisé son cinéma. Refusant une reconstitution minutieuse de la chronologie des faits et évacuant le débat sur ces éventuels complots dont certains sont toujours persuadés de l'autre côté des Alpes, Marco Bellocchio allie réalité et fiction pour nous faire vivre de l'intérieur un enlèvement qui se terminera de la manière dramatique que l'on sait. L'objectif de sa caméra, c'est l'œil de Chiara, bibliothécaire sans histoire le jour et terroriste en proie à un doute grandissant la nuit. Plus elle épie par le judas de sa geôle l'homme dont le sort est tranché, plus elle étouffe dans son carcan révolutionnaire. Parfois, Chiara rêve même de libérer ce détenu pas comme les autres, ce qui nous vaut ces images oniriques d'un Aldo Moro prenant la clé des champs au petit jour. Mais la réalité revient aussitôt en force avec cette télévision qui crache en permanence les images d'une Italie ébranlée par le drame. Avec aussi ces brigadistes qui ont La sainte famille de Marx et Engels comme livre de chevet et entendent bien aller au bout de leur si noir dessein. Et leur obstination trouve un écho diablement actuel par ces temps à nouveau angoissants. Michel BITZER, Le Républicain Lorrain, 01 02 2004BUONGIORNO, NOTTE
Il incarnait l'espoir dans cette Italie tourmentée des années soixante-dix. A l'origine d'un compromis historique entre la Démocratie chrétienne et le Parti communiste, Aldo Moro bousculait l'échiquier politique transalpin. Il allait, hélas, le payer de sa vie. Le 16 mars 1978, un commando de Brigades rouges enlevait dans la rue le président de la Démocratie chrétienne.
Détenu pendant deux mois dans une 'prison du peuple' aménagée dans un appartement de la capitale, Moro allait être jugé, condamné à mort et exécuté par ses ravisseurs, avant qu'on retrouve son corps le 9 mai.
On pouvait croire que tout avait déjà été dit et écrit sur cet épisode tragique qui fut le point culminant des fameuses 'années de plomb'.
Filmé aussi, avec notamment Il caso Moro, une docu-fiction tournée en 1986 par Giuseppe Ferrara avec Gian Maria Volonté dans le rôle du leader de la Démocratie chrétienne. Mais d'une commande initialement passée par la RAI, le réalisateur de La marche triomphale, Les poings dans les poches et Le saut dans le vide livre une œuvre phare en forme de pari scénaristique et esthétique, sans pour autant renier cet engagement qui a toujours caractérisé son cinéma.
Refusant une reconstitution minutieuse de la chronologie des faits et évacuant le débat sur ces éventuels complots dont certains sont toujours persuadés de l'autre côté des Alpes, Marco Bellocchio allie réalité et fiction pour nous faire vivre de l'intérieur un enlèvement qui se terminera de la manière dramatique que l'on sait.
L'objectif de sa caméra, c'est l'œil de Chiara, bibliothécaire sans histoire le jour et terroriste en proie à un doute grandissant la nuit. Plus elle épie par le judas de sa geôle l'homme dont le sort est tranché, plus elle étouffe dans son carcan révolutionnaire. Parfois, Chiara rêve même de libérer ce détenu pas comme les autres, ce qui nous vaut ces images oniriques d'un Aldo Moro prenant la clé des champs au petit jour. Mais la réalité revient aussitôt en force avec cette télévision qui crache en permanence les images d'une Italie ébranlée par le drame. Avec aussi ces brigadistes qui ont La sainte famille de Marx et Engels comme livre de chevet et entendent bien aller au bout de leur si noir dessein. Et leur obstination trouve un écho diablement actuel par ces temps à nouveau angoissants.
Michel BITZER, Le Républicain Lorrain, 01 02 2004
- RéalisationMarco Bellocchio
- ScénarioMarco Bellochio
- ImagePasquale Mari
- MontageFrancesca Calvelli
- MusiqueRiccardo Giagni
- ProductionsFilm Albatros, Rai Cinema, Sky
- Distribution FranceOcéan Films
- InterprètesLuigi Lo Cascio, Maya Sansa, Roberto Herlitzka, Paolo Briguglia, Pier Giorgio Bellocchio, Giovanni Calcagno, Giulio Bosetti
- Année2003
- Durée1h 45
- Pays de productionItalie
- CitationJ'avais compris que mes arguments n'avaient aucun poids face à la logique des Brigades Rouges