Story of CIAO MASCHIO
Lafayette (Gérard Depardieu) est électricien et vit à Manhattan dans un appartement en sous-sol infesté de rats. Il travaille dans le musée de cire de la Rome Antique de Flaxman (James Coco) et il donne un coup de main pour les éclairages à une troupe de théâtre féministe dont fait partie Angelica (Gail Lawrence) avec qui il a une liaison. Il s'occupe également d'un groupe d'anciens qu'il accompagne souvent pour une promenade le long de l'Hudson. Un jour, dans la carcasse d'un immense King-Kong abandonnée sur la plage, Luigi (Marcello Mastroianni), un anarchiste italien qui cultive ses tomates et ses illusions entre les gratte-ciel, découvre un jeune singe qu'il confie à Lafayette. Il est appelé Cornelius et déclaré à l'état-civil avec Lafayette et Angelica comme parents adoptifs. Devant le refus de Lafayette d'assumer la paternité lorsqu'elle lui annonce qu’elle est enceinte, Angelica s'éloigne de lui. Luigi, frustré sexuellement, se pend. Cornelius est dévoré par les rats qui hantent l'appartement. Lafayette, bouleversé, se rend au musée. Il a une altercation avec Flaxman qui provoque un incendie. Lafayette meurt dans les flammes alors que sa fille naît.
Avec le temps. Rêve de Singe apparaît comme une des œuvres les plus importantes de Marco Ferreri. La plus curieuse aussi. Le principe du film est une gageure il ne s'agit plus pour le cinéaste de travailler l'éternel retour, le rituel cyclique des obsessions humaines (amour, bouffe, sexe) mais de l'Homme lui-même. Mêler la fin de l'espèce à ses origines. La naissance de la civilisation à sa décomposition ultime. Et cette gageure est tenue. Le compromis historique dont parle M. Flaxman (James Coco) ne désigne pas seulement les concessions de l'art au marché, mais ce moment exact que décrit le film où les plus hautes étapes de notre civilisation sont mêlées aux plus basses, où ce qui a fondé l 'histoire de l'humanité est rejoint par ce qui la détruit. Dans Rêve de singe, ce déchirement entre les temps modernes et anciens passe par le décor. Chaque personnage veut s'entourer d'un décor (ou d'un être) qui porte la marque d'une période de l'humanité qu'il représente: King Kong ou l'homme primate pour Lafayette (Gérard Depardieu) , !'Antiquité pour Flaxman, le poète nihiliste et anarchiste pour Luigi (Marcello Mastroianni). Chacun veut s'entourer d'un domaine intime qui soit un refuge contre les attaques du nouveau monde. L'intention de Ferreri est nette dès le générique du film : Lafayette quitte son loft sous-terrain et, à la vue de dératiseurs habillés comme des martiens, revient chez lui et s'arme d'une batte de base-ball pour sortir dans la ville. Mais cette nouvelle réalité infiltre et ravage les décors privés que chacun s'est évertué à préserver. Il en va ainsi du musée de la Rome Antique de Flaxman, livré à l'invasion, du capitalisme barbare qui lui impose de mouler dans la statue de cire de Néron le visage de Nixon. Idem pour le jardin de Luigi, le loft de Lafayette infesté de rats, la plage de New York envahie par les travaux et en chantier permanent. Ultimes schizophrénies d'un monde déchiré entre le paradis originel de la dernière image du film (la femme et son enfant, nus au bord de l'eau) et le no man's land urbain d'un New York finissant. Cédric Anger, Cahiers du cinéma n°515, juillet-août 1997 Hommage à Marco Ferreri, Villerupt octobre 1997« Expert en images percutantes et caustiques, prompt à inventer des métaphores provocantes pour dynamiter les tabous, Marco Ferreri oublie ici vitriol et cynisme pour signer un nouvel acte de décès de notre société gangrénée par le patriarcat, le culte de la machine et la frénésie de la consommation. Philosophant sur l'évolution de l'espèce humaine depuis le singe (à la fois symbole de sauvagerie et d'innocence) jusqu'au mâle contemporain, orgueilleux et barbare, il filme les derniers sursauts d'un homme de bonne volonté que la révolution féministe a troublé et placé en rupture d'équilibre. […] Le message est clair (et à contre-courant de la mode) : l'homme agonise par refus d'assumer son devoir paternel, l'espoir des lendemains qui chantent réside dans la femme, à condition qu'elle assume son devoir maternel. »
Jean-Luc Douin, Télérama, 28 juillet 1993
CIAO MASCHIO
RÊVE DE SINGE
Lafayette (Gérard Depardieu) est électricien et vit à Manhattan dans un appartement en sous-sol infesté de rats. Il travaille dans le musée de cire de la Rome Antique de Flaxman (James Coco) et il donne un coup de main pour les éclairages à une troupe de théâtre féministe dont fait partie Angelica (Gail Lawrence) avec qui il a une liaison. Il s'occupe également d'un groupe d'anciens qu'il accompagne souvent pour une promenade le long de l'Hudson. Un jour, dans la carcasse d'un immense King-Kong abandonnée sur la plage, Luigi (Marcello Mastroianni), un anarchiste italien qui cultive ses tomates et ses illusions entre les gratte-ciel, découvre un jeune singe qu'il confie à Lafayette. Il est appelé Cornelius et déclaré à l'état-civil avec Lafayette et Angelica comme parents adoptifs. Devant le refus de Lafayette d'assumer la paternité lorsqu'elle lui annonce qu’elle est enceinte, Angelica s'éloigne de lui. Luigi, frustré sexuellement, se pend. Cornelius est dévoré par les rats qui hantent l'appartement. Lafayette, bouleversé, se rend au musée. Il a une altercation avec Flaxman qui provoque un incendie. Lafayette meurt dans les flammes alors que sa fille naît.
Avec le temps. Rêve de Singe apparaît comme une des œuvres les plus importantes de Marco Ferreri. La plus curieuse aussi. Le principe du film est une gageure il ne s'agit plus pour le cinéaste de travailler l'éternel retour, le rituel cyclique des obsessions humaines (amour, bouffe, sexe) mais de l'Homme lui-même. Mêler la fin de l'espèce à ses origines. La naissance de la civilisation à sa décomposition ultime. Et cette gageure est tenue. Le compromis historique dont parle M. Flaxman (James Coco) ne désigne pas seulement les concessions de l'art au marché, mais ce moment exact que décrit le film où les plus hautes étapes de notre civilisation sont mêlées aux plus basses, où ce qui a fondé l 'histoire de l'humanité est rejoint par ce qui la détruit. Dans Rêve de singe, ce déchirement entre les temps modernes et anciens passe par le décor. Chaque personnage veut s'entourer d'un décor (ou d'un être) qui porte la marque d'une période de l'humanité qu'il représente: King Kong ou l'homme primate pour Lafayette (Gérard Depardieu) , !'Antiquité pour Flaxman, le poète nihiliste et anarchiste pour Luigi (Marcello Mastroianni). Chacun veut s'entourer d'un domaine intime qui soit un refuge contre les attaques du nouveau monde. L'intention de Ferreri est nette dès le générique du film : Lafayette quitte son loft sous-terrain et, à la vue de dératiseurs habillés comme des martiens, revient chez lui et s'arme d'une batte de base-ball pour sortir dans la ville. Mais cette nouvelle réalité infiltre et ravage les décors privés que chacun s'est évertué à préserver. Il en va ainsi du musée de la Rome Antique de Flaxman, livré à l'invasion, du capitalisme barbare qui lui impose de mouler dans la statue de cire de Néron le visage de Nixon. Idem pour le jardin de Luigi, le loft de Lafayette infesté de rats, la plage de New York envahie par les travaux et en chantier permanent. Ultimes schizophrénies d'un monde déchiré entre le paradis originel de la dernière image du film (la femme et son enfant, nus au bord de l'eau) et le no man's land urbain d'un New York finissant.
Cédric Anger, Cahiers du cinéma n°515, juillet-août 1997
Hommage à Marco Ferreri, Villerupt octobre 1997
« Expert en images percutantes et caustiques, prompt à inventer des métaphores provocantes pour dynamiter les tabous, Marco Ferreri oublie ici vitriol et cynisme pour signer un nouvel acte de décès de notre société gangrénée par le patriarcat, le culte de la machine et la frénésie de la consommation. Philosophant sur l'évolution de l'espèce humaine depuis le singe (à la fois symbole de sauvagerie et d'innocence) jusqu'au mâle contemporain, orgueilleux et barbare, il filme les derniers sursauts d'un homme de bonne volonté que la révolution féministe a troublé et placé en rupture d'équilibre. […] Le message est clair (et à contre-courant de la mode) : l'homme agonise par refus d'assumer son devoir paternel, l'espoir des lendemains qui chantent réside dans la femme, à condition qu'elle assume son devoir maternel. »
Jean-Luc Douin, Télérama, 28 juillet 1993
- RéalisationMarco Ferreri
- ScénarioMarco Ferreri, Gérard Brach, Rafael Azcona
- ImageLuciano Tovoli
- MontageRuggero Mastroianni
- MusiquePhilippe Sarde
- Producteur (s)Giorgio Nocella, Yves Gasser, Yves Peyrot, Maurice Bernart
- Productions18 dicembre, Action Film, Prospectacle
- Distribution FranceGaumont
- InterprètesGérard Depardieu, Gail Lawrence, James Coco, Marcello Mastroianni, Geraldine Fitzgerald, Mimsy Farmer, Avon Long, Stefania Casini, Francesca De Sapio, Nathalie Bernart
- Année1978
- Durée1h 53
- Pays de productionItalie, France
- FormatVOST
- CitationToute cette douleur pour un singe quand la civilisation s'effondre.