Story of IL DECAMERON
Dans la version définitive du montage qui a mené le Décaméron dans les salles cinématographiques en 1971, Pasolini reprend et interprète librement, neuf histoires tirées de l’œuvre homonyme écrite entre 1348 et 1353par Boccace, le grand poète et narrateur du 14e siècle.
Dans une lettre au producteur Franco Rossellini, Pasolini illustrait dans ces termes ses propres intentions : « Cher Rossellini, terminant la lecture du Décaméron et la mûrissant, ma première idée du film s’est modifiée. Il ne s’agit plus de choisir trois, quatre ou cinq nouvelles dans un contexte napolitain, ou bien de réduire toute l’œuvre à une partie « choisie par moi » : il s’agit plutôt de choisir le plus grand nombre possible d’histoires (dans cette première mouture, elles sont au nombre de quinze) pour donner donc une image complète et objective du Décaméron. Il est donc prévu un film d’au moins trois heures. Pour des raisons pratiques – et par souci d’être fidèle à la première idée inspiratrice – le groupe le plus important d’histoires reste celui des histoires napolitaines, ainsi que la Naples populaire continue à être le tissu connectif (reliant) du film, mais à ce groupe central et riche viendront s’ajouter d’autres histoires, dont chacune représente un moment de cet esprit interrégional et international qui caractérise le Décaméron. Dans son ensemble, le film tendra donc à être une espèce de fresque du monde entier, à mi-chemin entre le Moyen Âge et l’époque bourgeoisie : et, stylistiquement, il représentera un entier univers réaliste. […]»
Angela Molteni, Le Décaméron de Pier Paolo Pasolini (traduction de Justine Lalot), pasolini.net
En France certains firent la fine bouche devant ce film jugé commercial et de basse licence. D'autres goûtèrent avec délice ce pillage de Boccace par Pasolini et y virent plutôt un retour aux sources : « Fidèle à ses préoccupations, Pasolini a voulu faire une œuvre populaire, choisissant presque tous ses interprètes parmi des inconnus : c’était là une condition indispensable à la vivacité du film, à sa verve, à sa vérité. En filmant dans les villages voisins de Naples en respectant la verdeur des dialectes, en éliminant tout ce qui enjolive ou embourgeoise, Pasolini retrouve une constante populaire italienne, celle de la joie de vivre, encore non abîmée par le sens du péché, tel que l'ont transformée depuis la renaissance, les sociétés conformistes. »
Henry Chapier, Combat, 2 novembre 1971
Il Decameron (1971), I racconti di Canterbury (1972), Il fiore delle mille e una notte (1974), adaptés de contes italiens, anglais et orientaux, constituent la "Trilogie de la vie", selon Pasolini. Récompensé par l’Ours d’argent au Festival de Berlin, Il Decameron ne sortit en salle qu’après une nouvelle série de procès. À l’époque les Cahiers ignorèrent le film.
IL DECAMERON
LE DÉCAMÉRON
Dans la version définitive du montage qui a mené le Décaméron dans les salles cinématographiques en 1971, Pasolini reprend et interprète librement, neuf histoires tirées de l’œuvre homonyme écrite entre 1348 et 1353par Boccace, le grand poète et narrateur du 14e siècle.
Dans une lettre au producteur Franco Rossellini, Pasolini illustrait dans ces termes ses propres intentions : « Cher Rossellini, terminant la lecture du Décaméron et la mûrissant, ma première idée du film s’est modifiée. Il ne s’agit plus de choisir trois, quatre ou cinq nouvelles dans un contexte napolitain, ou bien de réduire toute l’œuvre à une partie « choisie par moi » : il s’agit plutôt de choisir le plus grand nombre possible d’histoires (dans cette première mouture, elles sont au nombre de quinze) pour donner donc une image complète et objective du Décaméron. Il est donc prévu un film d’au moins trois heures. Pour des raisons pratiques – et par souci d’être fidèle à la première idée inspiratrice – le groupe le plus important d’histoires reste celui des histoires napolitaines, ainsi que la Naples populaire continue à être le tissu connectif (reliant) du film, mais à ce groupe central et riche viendront s’ajouter d’autres histoires, dont chacune représente un moment de cet esprit interrégional et international qui caractérise le Décaméron. Dans son ensemble, le film tendra donc à être une espèce de fresque du monde entier, à mi-chemin entre le Moyen Âge et l’époque bourgeoisie : et, stylistiquement, il représentera un entier univers réaliste. […]»
Angela Molteni, Le Décaméron de Pier Paolo Pasolini (traduction de Justine Lalot), pasolini.net
En France certains firent la fine bouche devant ce film jugé commercial et de basse licence. D'autres goûtèrent avec délice ce pillage de Boccace par Pasolini et y virent plutôt un retour aux sources : « Fidèle à ses préoccupations, Pasolini a voulu faire une œuvre populaire, choisissant presque tous ses interprètes parmi des inconnus : c’était là une condition indispensable à la vivacité du film, à sa verve, à sa vérité. En filmant dans les villages voisins de Naples en respectant la verdeur des dialectes, en éliminant tout ce qui enjolive ou embourgeoise, Pasolini retrouve une constante populaire italienne, celle de la joie de vivre, encore non abîmée par le sens du péché, tel que l'ont transformée depuis la renaissance, les sociétés conformistes. »
Henry Chapier, Combat, 2 novembre 1971
Il Decameron (1971), I racconti di Canterbury (1972), Il fiore delle mille e una notte (1974), adaptés de contes italiens, anglais et orientaux, constituent la "Trilogie de la vie", selon Pasolini. Récompensé par l’Ours d’argent au Festival de Berlin, Il Decameron ne sortit en salle qu’après une nouvelle série de procès. À l’époque les Cahiers ignorèrent le film.
- RéalisationPier Paolo Pasolini
- ScénarioPier Paolo Pasolini d’après l’oeuvre de Giovanni Boccacio
- ImageTonino Delli Colli
- MontageNino Baragli
- MusiquePier Paolo Pasolini avec la collaboration d’Ennio Morricone
- Producteur (s)Alberto Grimaldi, Franco Rossellini
- ProductionsProduzioni Europee Associate, Les Productions Artistes Associés, Artemis Film
- Distribution FranceCarlotta Films
- InterprètesFranco Citti, Ninetto Davoli, Pier Paolo Pasolini, Angela Luce, Jovan Jovanovic, Vincenzo Amato, Gianni Rizzo, Guido Alberti, Silvana Mangano, Giuseppe Zigaina, Elisabetta Genovese, Patrizia Capparelli
- Année1971
- Durée1h 50
- Pays de productionItalie, France
- FormatVOST
- CitationPourquoi réaliser une œuvre quand il est si beau de seulement la rêver ?