LA CARNE

LA CARNE

LA CHAIR

Marco Ferreri

0h 1min
1991
Story of LA CARNE
LA CARNE LA CHAIR Dans tout ce qu'ils font, les personnages de La Carne sont des amateurs et non des professionnels . Il y va pour eux du sexe comme du spectacle, la petite forme c'est déjà du plaisir. Et ce plaisir , ils le doivent à une disponibi­lité de tous les instants, une oisiveté qui n'est guère comparable qu'à celle qui anime les films de Rozier. Paolo, interprété par un Sergio Castellito exemplaire, a abandonné femme et enfants pour une petite baraque au bord de la mer. Il a aussi abandonné son travail de jour pour être pianiste la nuit. Autant de bonnes dispositions qui s'avèrent payantes quand, lors d'un miraculeux passage de cigognes, une plantureuse créature (Francesca Dellera) est parachutée dans sa vie et vient occuper l'espace de son temps libre , imposer l'ambiguïté fondamentale de ses seins (ceux de la mère nourricière, ceux de la femme que l'on désire) et donner lieu à la débauche que l'on devine. Mais débauche ne veut pas dire claustration, elle signifie tout autant débordement que déportement de tous les désirs pris à hauteur égale. Car si Ferreri nous raconte bel et bien son histoire habituelle de sexe et de bouffe (la carne se traduit aussi bien par chair que par viande), son histoire de sexe qui se transforme en bouffe (Francesca finira dans le frigidaire de Paolo), ce n'est, ici comme ailleurs, que lavée de toute idée de performance. Dans un décor unique, c'est-à-dire dans la plus petite des aires de jeu possibles, et avec l'histoire la plus ténue qui soit, Ferreri fait la preuve que l'essence de son cinéma n'est pas de nature thématique mais bien le coup de patte magique d'un cinéaste qui se rend lui aussi, disponible à ce qu'il filme, capable d'imposer un faux rythme, de suspendre chaque plan de la marche de l'ensemble, de faire en sorte que l'élément le plus grossier sur le papier contienne tout de suite à l'écran sa propre diversion. Et si le film est si drôle, c'est qu'avant tout cette diversion revient à commenter sans fin ce qui nous arrive, à dire ce que l'on fait. Ce qui en matière de sexe est absolument primordial. Thierry Lounas, Cahiers du cinéma n°515, juillet-août 1997 Hommage à Marco Ferreri, Villerupt octobre 1997   La chair, une excellente surprise, un humour cannibale pour une entreprise modeste, presque humble, une espèce de reprise en mineur de tous les thèmes ferrériens, la femme emblématique, l'homme de transition, le phallus soucieux. (...) Paolo (Sergio Castellitto, qui n'a jamais été meilleur) est divorcé, deux enfants, une ex-épouse honnie qu'il appelle «la hyène», et un vieux saint-bernard, Giovanni, dont il souffre beaucoup d'être séparé(...) Pour gagner sa vie, il est pianiste de boîte de nuit. Là, il rencontre des amis. (...) Paolo rencontre aussi dans la boîte un monument de féminité en mouvement, la très impressionnante Francesca, tétons béton, le reste à l'avenant, belle à croquer (Franscesca Dellera, taillée aux mesures de son rôle). Et brave avec ça, un peu paumée, sortant d'une histoire avec un gourou qui ne lui a laissé qu'un jargon vaguement tantriste et un sari bleu. Paolo enlève Francesca et la cloître dans une maison au bord de la plage (...). Paolo et Francesca vont rester là trois mois et cinq jours, «manger et baiser» tout le temps. Mais ce n'est plus la grande bouffe suicidaire et désespérée, c'est une petite bouffe ironique et distanciée. Quoique Franscesca soit parfois bien gourmande, de deux coups de pouce sidérants à la base du cou, la voilà qui bloque Paolo dans une érection monumentale, permanente, marmoréenne. Scènes vigoureuses mais jamais obscènes (...) Paolo, ne nous le dissimulons pas plus longtemps, n'a pas non plus liquidé son Œdipe. Il parle souvent à la photo de sa mère punaisée sur le mur, et puis il y a cette histoire de première communion que son père - anarchiste-lui refusait (...) Le sexe étant devenu ce qu'il est, et Dieu prenant de plus en plus le relais, Ferreri pousse le jeu à son terme. Avec une légèreté nouvelle, une désinvolture comique qui n'était pas particulièrement sa marque. Des cigognes, messagères de migration, apparaissent. Francesca veut s'en aller. Paolo ne veut pas qu'elle s'en aille. Il la tue assez gentiment pour la garder. La drape dans son sari bleu. La place debout dans le réfrigérateur, et, faute d'avoir pu manger Dieu, mange la femme... C'est une fable, on rit beaucoup. Le rire s'étrangle à peine à la première bouchée du carpaccio de bien-aimée... Danièle Heymann - Extraits du Monde, 15 mai 1991   "Ce n'est pas que Ferreri doive imiter ce qu'il a déjà fait, mais il y a aujourd'hui tout un nouveau public. Un public vierge qui découvre le cinéma sans idée reçue, sans référence. Alors je dois recommencer à faire des films que j'estime nécessaires pour ces nouveaux spectateurs... Francesca, je l'ai choisie pour sa présence physique. Avec sa bouche, sa poitrine, c'est le totem, l'exemple idéal pour illustrer la Chair..." Marco Ferreri    
    • LA CARNE

      LA CHAIR

      Dans tout ce qu'ils font, les personnages de La Carne sont des amateurs et non des professionnels . Il y va pour eux du sexe comme du spectacle, la petite forme c'est déjà du plaisir. Et ce plaisir , ils le doivent à une disponibi­lité de tous les instants, une oisiveté qui n'est guère comparable qu'à celle qui anime les films de Rozier. Paolo, interprété par un Sergio Castellito exemplaire, a abandonné femme et enfants pour une petite baraque au bord de la mer. Il a aussi abandonné son travail de jour pour être pianiste la nuit. Autant de bonnes dispositions qui s'avèrent payantes quand, lors d'un miraculeux passage de cigognes, une plantureuse créature (Francesca Dellera) est parachutée dans sa vie et vient occuper l'espace de son temps libre , imposer l'ambiguïté fondamentale de ses seins (ceux de la mère nourricière, ceux de la femme que l'on désire) et donner lieu à la débauche que l'on devine. Mais débauche ne veut pas dire claustration, elle signifie tout autant débordement que déportement de tous les désirs pris à hauteur égale. Car si Ferreri nous raconte bel et bien son histoire habituelle de sexe et de bouffe (la carne se traduit aussi bien par chair que par viande), son histoire de sexe qui se transforme en bouffe (Francesca finira dans le frigidaire de Paolo), ce n'est, ici comme ailleurs, que lavée de toute idée de performance.

      Dans un décor unique, c'est-à-dire dans la plus petite des aires de jeu possibles, et avec l'histoire la plus ténue qui soit, Ferreri fait la preuve que l'essence de son cinéma n'est pas de nature thématique mais bien le coup de patte magique d'un cinéaste qui se rend lui aussi, disponible à ce qu'il filme, capable d'imposer un faux rythme, de suspendre chaque plan de la marche de l'ensemble, de faire en sorte que l'élément le plus grossier sur le papier contienne tout de suite à l'écran sa propre diversion. Et si le film est si drôle, c'est qu'avant tout cette diversion revient à commenter sans fin ce qui nous arrive, à dire ce que l'on fait. Ce qui en matière de sexe est absolument primordial.

      Thierry Lounas, Cahiers du cinéma n°515, juillet-août 1997

      Hommage à Marco Ferreri, Villerupt octobre 1997

       

      La chair, une excellente surprise, un humour cannibale pour une entreprise modeste, presque humble, une espèce de reprise en mineur de tous les thèmes ferrériens, la femme emblématique, l'homme de transition, le phallus soucieux. (...)

      Paolo (Sergio Castellitto, qui n'a jamais été meilleur) est divorcé, deux enfants, une ex-épouse honnie qu'il appelle «la hyène», et un vieux saint-bernard, Giovanni, dont il souffre beaucoup d'être séparé(...) Pour gagner sa vie, il est pianiste de boîte de nuit. Là, il rencontre des amis. (...) Paolo rencontre aussi dans la boîte un monument de féminité en mouvement, la très impressionnante Francesca, tétons béton, le reste à l'avenant, belle à croquer (Franscesca Dellera, taillée aux mesures de son rôle). Et brave avec ça, un peu paumée, sortant d'une histoire avec un gourou qui ne lui a laissé qu'un jargon vaguement tantriste et un sari bleu. Paolo enlève Francesca et la cloître dans une maison au bord de la plage (...).

      Paolo et Francesca vont rester là trois mois et cinq jours, «manger et baiser» tout le temps. Mais ce n'est plus la grande bouffe suicidaire et désespérée, c'est une petite bouffe ironique et distanciée. Quoique Franscesca soit parfois bien gourmande, de deux coups de pouce sidérants à la base du cou, la voilà qui bloque Paolo dans une érection monumentale, permanente, marmoréenne. Scènes vigoureuses mais jamais obscènes (...) Paolo, ne nous le dissimulons pas plus longtemps, n'a pas non plus liquidé son Œdipe. Il parle souvent à la photo de sa mère punaisée sur le mur, et puis il y a cette histoire de première communion que son père - anarchiste-lui refusait (...)

      Le sexe étant devenu ce qu'il est, et Dieu prenant de plus en plus le relais, Ferreri pousse le jeu à son terme. Avec une légèreté nouvelle, une désinvolture comique qui n'était pas particulièrement sa marque. Des cigognes, messagères de migration, apparaissent. Francesca veut s'en aller. Paolo ne veut pas qu'elle s'en aille. Il la tue assez gentiment pour la garder. La drape dans son sari bleu. La place debout dans le réfrigérateur, et, faute d'avoir pu manger Dieu, mange la femme...

      C'est une fable, on rit beaucoup. Le rire s'étrangle à peine à la première bouchée du carpaccio de bien-aimée...

      Danièle Heymann - Extraits du Monde, 15 mai 1991

       

      "Ce n'est pas que Ferreri doive imiter ce qu'il a déjà fait, mais il y a aujourd'hui tout un nouveau public. Un public vierge qui découvre le cinéma sans idée reçue, sans référence. Alors je dois recommencer à faire des films que j'estime nécessaires pour ces nouveaux spectateurs... Francesca, je l'ai choisie pour sa présence physique. Avec sa bouche, sa poitrine, c'est le totem, l'exemple idéal pour illustrer la Chair..."

      Marco Ferreri

       

       

    • Réalisation
      Marco Ferreri
    • Scénario
      Marco Ferreri, Liliana Betti avec la collaboration de Paolo Costella et Massimo Bucchi
    • Image
      Ennio Cuarnieri
    • Montage
      Ruggero Mastroianni
    • Producteur (s)
      Giuseppe Auriemma
    • Productions
      M.M.D. Produzione
    • Distribution France
      Forum Distribution
    • Interprètes
      Sergio Castellitto, Francesca Dellera, Philippe Léotard,Farid Chopel, Petra Reinhardt
    • Année
      1991
    • Durée
      1h 32
    • Pays de production
      Italie
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