LA PELLE

LA PELLE

LA PEAU

Liliana Cavani

0h 2min
1981
Story of LA PELLE
LA PELLE LA PEAU Septembre 1943 : les alliés débarquent dans le sud de l’Italie et entrent le 1er octobre dans Naples dont la population vient de chasser les Allemands au cours d’un soulèvement qui a duré quatre jours. L’écrivain Curzio Malaparte, officier de l’armée italienne de libération et ami de la princesse Caracciolo, est chargé des liaisons avec les troupes alliées, placées sous le commandement du général Mark Cork, chef de la cinquième armée… Quelques temps plus tard, la cinquième armée se met en route vers le nord. En juin 1944, le général Cork entre dans Rome en triomphateur.   On ne parle pas de la guerre dans le film. A Naples en 43 elle est déjà finie. Mais ce n’est pas non plus la paix. C’est l’après-guerre, une espèce de guerre plus sournoise. Les victimes se laissent aller au plaisir de renaître, elles ont envie de recommencer à vivre et à rire. Naples est un monde d’innocents dont la seule malice – si c’en est une – n’est autre que le désir de retrouver la joie. Le film est un voyage dans Naples envahie par les alliés, c’est-à-dire par des troupes de vainqueurs qui viennent du monde entier : Américains, Anglais, Polonais, Marocains, Indiens, Français. Naples, qui remplit ses sacs dans ces immenses marchés de la survie, est la première ville européenne libérée. Le roman est cruel aussi parce qu’il n’a pas le côté mielleux de l’hagiographie qui a caractérisé la description de cette époque et des années qui ont suivi. C’est une époque nue qui ne donne pour tout réconfort que le sarcasme ou bien la tendresse chez beaucoup de personnages qui ne sont pas trahis par l’héroïsme. C’est le cynisme qui les décrit, le cynisme antique de la philosophie sans rhétorique. Et ainsi, comme le roman, le film n’est ni une page d’histoire ni un document, ni un discours, mais seulement un film-fiction que l’auteur raconte pour le plaisir de raconter. Dans le film, Malaparte n’est pas le personnage ambigu qu’il a été, mais simplement le protagoniste d’une histoire, comme dans le roman justement. Nul ne sait si les autres personnages du roman ont tous existé, mais on le suppose. On suppose aussi que les chiens ont réellement existé. Tous ont existé par leur peau délicate, susceptible d’être offensée : le drapeau que Dieu créa à son image. Liliana CAVANI   … pour une fois, voilà un film de CAVANI qui est choquant non par des fantasmes de l’auteur mais par la description d’une réalité vécue. Et la forme même du film est éminemment réaliste, bénéficiant d’une technique et d’une maîtrise tout à fait surprenantes. Reste à savoir si cette réalité décrite a bien été, dans ses grandes lignes bien sûr, celle de l’Histoire et, dans ce cas, si elle n’a donc pas été réduite à un prétexte pour laisser libre cours à ce qu’il serait convenu d’appeler la morbidité de la réalisatrice. Mais gare au procès d’intention et à la tentation d’opposer systématiquement l’Histoire à ses reconstitutions. L’important, pour qui n’a pas vécu à Naples en 1943, est la portée générale de l’œuvre au delà de son contexte (qui, dans l’idéal, et pour échapper aux polémiques, aurait dû être futuriste ou allégorique). Qu’il s’agisse du jeune GI déchiqueté par une mine (scène qui certes cède un peu trop au grand-guignolesque), des soldats allemands détenus comme de vulgaires kilos de viande, des Napolitains soumis à leur condition tiers-mondiste ou du villageois écrasé par un char dans l’indifférence quasi générale, c’est bien l’homme qui est réduit à l’état de peau, une peau sans grande valeur. Gilles COLPART, La Saison cinématographique 1982
    • LA PELLE

      LA PEAU

      Septembre 1943 : les alliés débarquent dans le sud de l’Italie et entrent le 1er octobre dans Naples dont la population vient de chasser les Allemands au cours d’un soulèvement qui a duré quatre jours. L’écrivain Curzio Malaparte, officier de l’armée italienne de libération et ami de la princesse Caracciolo, est chargé des liaisons avec les troupes alliées, placées sous le commandement du général Mark Cork, chef de la cinquième armée…

      Quelques temps plus tard, la cinquième armée se met en route vers le nord. En juin 1944, le général Cork entre dans Rome en triomphateur.

       

      On ne parle pas de la guerre dans le film. A Naples en 43 elle est déjà finie. Mais ce n’est pas non plus la paix. C’est l’après-guerre, une espèce de guerre plus sournoise. Les victimes se laissent aller au plaisir de renaître, elles ont envie de recommencer à vivre et à rire. Naples est un monde d’innocents dont la seule malice – si c’en est une – n’est autre que le désir de retrouver la joie.

      Le film est un voyage dans Naples envahie par les alliés, c’est-à-dire par des troupes de vainqueurs qui viennent du monde entier : Américains, Anglais, Polonais, Marocains, Indiens, Français. Naples, qui remplit ses sacs dans ces immenses marchés de la survie, est la première ville européenne libérée.

      Le roman est cruel aussi parce qu’il n’a pas le côté mielleux de l’hagiographie qui a caractérisé la description de cette époque et des années qui ont suivi. C’est une époque nue qui ne donne pour tout réconfort que le sarcasme ou bien la tendresse chez beaucoup de personnages qui ne sont pas trahis par l’héroïsme. C’est le cynisme qui les décrit, le cynisme antique de la philosophie sans rhétorique. Et ainsi, comme le roman, le film n’est ni une page d’histoire ni un document, ni un discours, mais seulement un film-fiction que l’auteur raconte pour le plaisir de raconter. Dans le film, Malaparte n’est pas le personnage ambigu qu’il a été, mais simplement le protagoniste d’une histoire, comme dans le roman justement. Nul ne sait si les autres personnages du roman ont tous existé, mais on le suppose. On suppose aussi que les chiens ont réellement existé. Tous ont existé par leur peau délicate, susceptible d’être offensée : le drapeau que Dieu créa à son image.

      Liliana CAVANI

       

      … pour une fois, voilà un film de CAVANI qui est choquant non par des fantasmes de l’auteur mais par la description d’une réalité vécue. Et la forme même du film est éminemment réaliste, bénéficiant d’une technique et d’une maîtrise tout à fait surprenantes. Reste à savoir si cette réalité décrite a bien été, dans ses grandes lignes bien sûr, celle de l’Histoire et, dans ce cas, si elle n’a donc pas été réduite à un prétexte pour laisser libre cours à ce qu’il serait convenu d’appeler la morbidité de la réalisatrice. Mais gare au procès d’intention et à la tentation d’opposer systématiquement l’Histoire à ses reconstitutions. L’important, pour qui n’a pas vécu à Naples en 1943, est la portée générale de l’œuvre au delà de son contexte (qui, dans l’idéal, et pour échapper aux polémiques, aurait dû être futuriste ou allégorique). Qu’il s’agisse du jeune GI déchiqueté par une mine (scène qui certes cède un peu trop au grand-guignolesque), des soldats allemands détenus comme de vulgaires kilos de viande, des Napolitains soumis à leur condition tiers-mondiste ou du villageois écrasé par un char dans l’indifférence quasi générale, c’est bien l’homme qui est réduit à l’état de peau, une peau sans grande valeur.

      Gilles COLPART, La Saison cinématographique 1982

    • Réalisation
      Liliana Cavani
    • Scénario
      Liliana Cavani, Robert Katz d’après le roman de Curzio Malaparte
    • Image
      Armando Nannunzi
    • Montage
      Ruggero Mastroianni
    • Musique
      Lalo Schifrin
    • Producteur (s)
      Renzo Rossellini
    • Productions
      Opera Film, Gaumont (France)
    • Distribution France
      Gaumont
    • Interprètes
      Marcello Mastroianni, Burt Lancaster, Claudia Cardinale, Ken Marshall, Alexandra King, CARLO Giuffre, Jacques Sernas, Yann Babilée, Liliana Tari
    • Année
      1981
    • Durée
      2h 10
    • Pays de production
      Italie, France
    • Format
      VOSTF
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