Story of L’AVVENTURA
L'AVVENTURA
Au cours d’une croisière, Anna (Lea Massari) disparait lors d’une escale sur une île. Sandro (Gabriele Ferzetti), son fiancé, et Claudia (Monica Vitti), sa meilleure amie, la recherchent. Cette aventure va rapprocher Claudia et Sandro.
C’est un autre regard que l’on peut jeter aujourd’hui sur l’oeuvre d’Antonioni : les courts métrages, Chronique d’un amour, I Vinti, La Dame sans camélias, Femmes entre elles, Le Cri, L’Avventura et bientôt La Notte. OEuvre inégale sans doute, et l’on serait presque tenté de souhaiter, pour la beauté de la chose, qu’elle commence avec Femmes entre elles, car 1955 fut une année du début de la maîtrise... et, presque, qu’il n’y ait que L’Avventura, parce qu’elle contient aussi le plus parfait des Femmes et du Cri. […] Souvent explicitées par son auteur, les intentions, de L’Avventura ne sont plus obscures. Antonioni pose qu’il y a divorce entre la science et la morale. La science est en évolution constante et «l’homme est prêt à se débarrasser de ses connaissances techniques ou scientifiques, quand elles s’avèrent fausses » ; par contre, l’homme est dès sa naissance alourdi, entravé, embarrassé par un héritage moral et sentimental qu’il respecte à tort. « II agit, il aime, il hait, il souffre, poussé par des forces et des mythes moraux qui appartenaient à l’époque d’Homère, ce qui est une absurdité de nos temps, à la veille des voyages dans la lune. »
Partant de là, Antonioni se défend d’avoir voulu faire oeuvre de moraliste; simplement il a raconté une histoire, mais dont le substratum est indispensable à la compréhension. C’est pourquoi il a raison de dire qu’il ne faut pas y voir « la naissance d’un sentiment trompeur, mais le mode par lequel on peut se tromper dans les sentiments ». […]
En ce qui concerne la forme et le style, il ne suffit pas de dire que L’Avventura a la plus belle photo en noir et blanc qu’on ait vue sur un écran (Scavarda est devenu comme Tissé pour Eisenstein), que les quelques éclairs de musique de Fusco ponctuent à la perfection une bande-son très étudiée, et que le « matériau » acteur (« je considère les acteurs comme un matériau au sens le plus total du mot »), Monica Vitti, Lea Massari et Ferzetti, est sans faille. Le mystère qui fait de ce film un des plus importants de l’après-guerre est ailleurs. Il s’agit, bien entendu, de la mise en scène, mais nommer le mystère n’est pas l’éclaircir. […]
Mettre en scène, c’est organiser le temps et l’espace. Le génie d’Antonioni, c’est de n’avoir pas posé des personnages devant un décor, mais d’avoir fait en sorte que l’instabilité et le mystère des sentiments (son sujet) soient exprimés d’abord par le temps et l’espace, avant de résulter de l’action et de ce que disent et font les héros.
Jacques DONIOL-VALCROZE, « Le facteur rhésus et le nouveau cinéma »
in Les cahiers du Cinéma n°113, Novembre 1961
- RéalisationMichelangelo Antonioni
- ScénarioMichelangelo Antonioni, Tonino Guerra, Elio Bartolini
- ImageAldo Scavarda, Luigi Kuveiller
- MontageEraldo Da Roma
- MusiqueGiovanni Fusco
- ProductionsCino Del Duca et Société Cinématographique Lyre
- Distribution FranceAction Cinémas / Théâtre du Temple
- InterprètesGabriele Ferzetti, Monica Vitti, Lea Massari , Dominique Blanchar, Renzo Ricci, James Addams , Dorothy De Poliolo, Lelio Luttazzi , Giovanni Petrucci , Esmeralda Ruspoli, Jack O’Connell
- Année1960
- Durée2h 17
- Pays de productionItalie, France
- FormatVOST
- CitationIl y a quelques jours, à l'idée qu’Anna était morte, je me sentais mourir moi aussi. Maintenant, je ne pleure même plus. J'ai peur qu'elle soit en vie.